Écrit par Franck Villard, 13 février 2009 (Extrait de la POZ n°44).

Tel pourrait être le slogan de cette « thérapie holistique » qu’est l’urinothérapie, de son nom indien Amaroli. Le Docteur Christian Tal Schaller, auteur de nombreux ouvrages sur le sujet, faisait la promotion de cette méthode, le 2 février dernier sur le plateau de France 3, dans l’émission Se soigner autrement présentée par Marina Carrère d’Encausse et Michel Cymes. Un bref aperçu de cette « méthode de soin [forcément] ancestrale » présentée par ses promoteurs comme une panacée.

Le mythe du médicament idéal

L’urinothérapie se présente avant tout comme une méthode non agressive, 100 % naturelle et sans danger : « Le corps ne prend dans l’urine que ce qui est bon, le reste est éliminé » [1]. À « l’abus de chimie qui est un drame de notre époque » [1], Tal Schaller oppose cette méthode présentée comme naturelle et non toxique. Un traitement sans effets secondaires et qui plus est… gratuit. Selon Tal Schaller, « le remède révolutionnaire pour soigner les pays sous développés » [2].

 

Amaroli, mode d’emploi

Les modes d’applications de l’urinothérapie sont, selon ses adeptes, divers et variés. L’urine peut être utilisée en application locale sur les blessures ou les brûlures, en massage, en shampooing, en après-rasage, dans l’eau du bain, ou encore (pour les plus téméraires ?) en gargarismes (en cas de maux de gorge notamment), etc. On peut aussi tout simplement boire son urine (de préférence le matin, où elle serait plus chargée en énergie). L’urine constituerait alors à la fois un moyen de traitement et un outil de diagnostic. En effet, son odeur et son goût seraient de nature à nous renseigner sur notre état de santé et notre équilibre général.

À en croire Tal Schaller, le goût de l’urine serait même délicieux, « à condition d’être dépollué » [2]. C’est que « Amaroli s’inscrit dans une démarche globale » [2]. Elle doit s’accompagner d’une hygiène alimentaire stricte, et il est également recommandé de lui associer d’autres pratiques comme le jeûne, les lavements, ou encore la méditation. « Santé globale » signifie équilibre physique émotionnel, mental et spirituel. La qualité de notre urine dépendrait donc aussi de notre état spirituel : « Nous concoctons notre propre urine en fonction de nos dons et de notre sensibilité » [1]. Il faut être « relié à son moi profond et proche du Divin » [1].

 

Des prétentions thérapeutiques illimitées

Tout cela pourrait prêter à sourire s’il n’y avait les vertus thérapeutiques revendiquées par cette méthode. Car l’urinothérapie se présente bien comme une panacée, un remède universel ayant vocation à traiter toutes les maladies, des plus bénignes (rhume, constipation, fatigue…) aux plus graves (sclérose en plaques, sida, cancer, etc.). Rien ne résisterait au traitement. Si Tal Schaller s’est montré fort prudent et mesuré sur le plateau de France 3, en déclarant « il ne s’agit pas de dire aux gens qu’on va tout guérir avec Amaroli », son propos est loin d’être toujours aussi nuancé. Il m’a été donné il y a quelques années d’assister à une conférence de Christian Tal Schaller accompagné de son épouse Maître (?) Joanne Razanamahay [1], conférence au cours de laquelle il affirmait : « la puissance de l’urine est comparable à la chimiothérapie » ou encore « Il n’y a aucune maladie qui ne soit incurable ».

 

« Faire confiance à la sagesse du corps »

D’après Tal Schaller, il s’agirait avant tout de dépasser le dégoût suscité par l’idée d’absorber sa propre urine, dégoût dicté selon lui par notre éducation. Ensuite, le principe est simple : le corps produit ses propres médicaments, il s’agit d’écouter son « médecin intérieur ». Nul besoin par conséquent de recourir aux médicaments, substances chimiques qui empoisonnent l’organisme, il suffit de « faire confiance à la sagesse du corps», « Une sagesse qui est des millions de fois plus grande que celle de tous les médecins réunis » [2]. Le corps sait ce qui est bon, alors pourquoi faire confiance aux médecins ? Des médecins complices d’une industrie pharmaceutique qui continuerait à cacher les innombrables bienfaits de l’urinothérapie dans le but évident de préserver ses intérêts et ses profits.
Et Tal Schaller d’affirmer : « La médecine est la première cause de mortalité des pays riches ! ». [1]

 

Franck Villard

 

Notes :

[1] Propos extraits de la Conférence de Christian Tal Schaller et Joanne Razanamahay « Urinothérapie : élixir de vie…ou ce que l’urine peut faire pour vous soigner », Forum des thérapies et pratiques alternatives et du développement personnel, Annecy, dimanche 31 octobre 2004.
[2] Propos extraits de l’émission « Se soigner autrement » présentée par Marina Carrère d’Encausse et Michel Cymes, France 3, 2 février 2009.

Pour en savoir plus…
Sites critiques :
« Vessie, reflet de l’âme ! » par Brigitte Axelrad – SPS n° 311, janvier 2015
L’urine n’est pas un médicament
Urinothérapie : une panacée difficile à avaler
Urinothérapie (Amaroli), par ressources sceptiques

 

SCOOP ! Un membre de l’OZ a, pour pousser l’art du doute dans ses extrêmes, testé sur lui-même Amaroli, sur trois mois, en 2003, pour prendre au mot un ami adepte de la méthode. Résultat ? Deux résultats significatifs : une hausse de la consommation de cachous et un renforcement certain de l’esprit critique. Pour ménager sa famille, Richard ne souhaite pas révéler son nom.

Amaroli : Un verre de pipi tous les matins… éloigne le médecin !