par Jacques Van Rillaer (1), professeur de psychologie à l’Université de Louvain (Louvain-la-Neuve) et aux Facultés universitaires St-Louis (Bruxelles).

Voici un article très complet que j’ai reçu de Jacques Van Rillaer. Il s’impose à la publication, dans un contexte où sur la question du freudisme, la distribution de pelletées de fange et de qualificatifs haineux n’est pas vraiment réglementée dans les médias. Jacques Van Rillaer a toujours été disponible pour fournir un certain nombre d’éléments intellectuels chaque fois qu’on en a eu besoin, à l’OZ comme à l’université de Grenoble pour les cours consacrés à l’esprit critique. Qu’il en soit remercié.
R. Monvoisin

« Comme il est naturel de croire beaucoup de choses sans démonstration,
il ne l’est pas moins de douter de quelques autres malgré leurs preuves.
»
Vauvenargues (2)


Suite à la sortie du Livre noir de la psychanalyse, E. Roudinesco avait publié en 2005 le libelle Pourquoi tant de haine ? (nous le citerons Haine n°1). Elle y écrivait :

« Je partage l’opinion exprimée par Jacques-Alain Miller dans Le Point quand il souligne avec humour : “Un livre comme ça, j’en voudrais un tous les ans ! Ça fait le plus grand bien aux psychanalystes d’être étrillés, passés au crin ou à la paille de fer.” Souhaitons donc que ce livre favorise un réveil de la communauté freudienne ! » (p. 31)

E. Roudinesco était-elle sincère ? A le supposer, Le Crépuscule d’une idole de Michel Onfray devrait la réjouir : cinq ans après Le Livre noir, Freud y est étrillé, passé au crin et à la paille de fer.
Mais si E. Roudinesco se réjouit, c’est sans doute moins parce que cette publication « favorise un réveil de la communauté freudienne » que parce que c’est, pour elle, l’occasion rêvée de redevenir pendant quelques jours une vedette courtisée des médias et de faire du profit grâce à ses petits livres destinés à rassurer les croyants. « Psychanalyste »(3) et fille de psychanalyste, E. Roudinesco fait corps avec le freudisme. Grâce à ses relations mondaines, elle est devenue Madame Freudisme français. C’est sa source de gloire et d’enrichissement.

En fait, l’ouvrage d’Onfray a manifestement mis E. Roudinesco hors d’elle. Avant même sa parution, elle a utilisé, comme elle l’écrit, « la puissance des réseaux d’internautes pour combattre » ce qu’elle appelle « une littérature de caniveau » (sic, p. 8).

Les réseaux d’internautes réservent des surprises. C’est ainsi que, par amabilité ou par erreur, j’ai reçu d’un ami d’E. Roudinesco, Émile Jalley, leurs échanges en vue de préparer la venue d’E. Roudinesco à Caen, pour défier Onfray sur son territoire. On y lit notamment, à la date du 10 mai 2010, qu’elle houspille Jalley pour qu’il envoie sans tarder, à ses 152 correspondants, l’annonce de sa présentation de Haine n°2 à Caen, dans l’espoir de rameuter un maximum de monde. Elle qui a les faveurs du Monde, du Nouvel Obs, de L’Express et de quantité de chaînes de TV (où elle passe toujours sans contradicteur (4)), elle écrit dans ce mail : « moi je suis insultée de partout ». Un freudien dirait illico : sentiment de persécution, paranoïa, donc inflation du Moi et homosexualité refoulée. Le psychologue scientifique que je suis s’abstient d’un tel diagnostic, faute d’autres témoignages.

A suivre.

§ 1. Contenu de Mais pourquoi tant de haine ?
§ 2. La stratégie des travestissements roudinesciens
§ 3. Onfray a-t-il inventé que Freud a inventé 18 cas ?
§ 4. Onfray a-t-il inventé que Freud avait un père pédophile ?
§ 5. Onfray se trompe-t-il dans la date de publication de l’édition intégrale des lettres à Fliess ?
§ 6. A cause d’Onfray, les rumeurs les plus extravagantes se développent-elles ?
§ 7. La « haine » de Freud
§ 8. L’utilisation de l’argument ad hominem par E. Roudinesco
§ 9. La judéité de Freud
§ 10. La « jonction inconsciente » entre l’antifreudisme et l’antisémitisme
§ 11. Pourquoi la guerre, « écrit en collaboration avec Einstein » : une apologie du crime ?
§ 12. La France : le pays des névrosés ?
§ 13. La doctrine freudienne de la masturbation
§ 14. La relation extraconjugale de Freud
§ 15. La cure freudienne soigne-t-elle mieux que les TCC ?
§ 16. La préface du livre d’Ellenberger
§ 17. L’ignorance de l’œuvre d’Ola Andersson
§ 18. Le livre d’Onfray est-il dénué de sources et de bibliographie ?
§ 19. Dans l’index, ni noms, ni concepts ?
§ 20. Onfray a-t-il utilisé la moins bonne des traductions de Freud ?
§ 21. E. Roudinesco plus histrionique que jamais
§ 22. Le texte de Guillaume Mazeau, historien
§ 23. Le texte de Christian Godin, philosophe
§ 24. Le texte de Franck Lelièvre, philosophe
§ 25.Le texte de Pierre Delion, psychanalyste « packingeur »
§ 26. Le texte de Roland Gori, psychanalyste
§ 27. Les limites de l’analyse de Michel Onfray

Téléchargez le dossier en PDF.

(1) Je remercie Mikkel Borch-Jacobsen, Catherine Meyer et Jean-Louis Racca pour leur lecture et leurs commentaires. J’assume seul la responsabilité du présent texte.
(2) Réflexions et maximes (1746), § 588, rééd., Ed. Garnier, 1954, p. 396.
(3) Le plus souvent E. Roudinesco se présente comme historienne. Il lui arrive parfois de se présenter comme « psychanalyste ». Dans Haine n°1, elle écrit qu’elle « ne fait partie d’aucune association psychanalytique » (p. 30). Il est vrai qu’il n’est pas nécessaire de faire partie d’une association de psychanalystes pour se dire « psychanalyste ». Du point de vue légal, le titre de psychanalyste n’a pas plus de valeur que ceux de « graphologue » ou « astrologue ». Tout le monde a le droit de faire de l’« analyse psychologique » — freudienne, jungienne, comportementale ou autre — et de se présenter comme psychanalyste, analyste ou comportementaliste.
(4) Voir l’enquête parue dans Les Cahiers de Psychologie politique.

Réponses: 12 Commentaires


le mercredi 28 juillet 2010, Dr George Gisèle a dit

je suis médecin depuis plus de vingt ans. Si je devais refaire mes études aujourd’hui bon nombre des traitements ont changé pour le confort et le bien être du patient. Car c’est avant de cela qu’il s’agit, je ne crois que personne accepterait d’être soigné selon les méthodes thérapeutiques du début du vingtième siècle. Les thérapies, la psychologie, la philosophie, la sociologie évoluent grâce à des chercheurs et des cliniciens anonymes et c’est tant mieux pour les sciences humains et surtout pour les patients !!!
Mme Roudinesco aime les conflits avec les « penseurs autrement », elle rejoint en cela une certaine vision des choses de Freud, peut être pense t’elle plus à sa postérité qu’au bien être des patients ?


le mercredi 28 juillet 2010, Moustache a dit

Merci à Jacques Van Rillaer d’avoir mis les choses au clair concernant les mensonges et les contradictions du clan Roudoudou.

Je n’en peux plus de voir la façon dont de trop nombreux psychanalystes refusent de se remettre en question. Leurs théories et leurs pratiques ont fait pourtant du mal et continuent à en faire dans plusieurs secteurs médicaux et sociaux (cf Bettelheim ou le « packing »)…


le mercredi 28 juillet 2010, Martin Gale a dit

A propos du point 2.4., Roudinesco a parfaitement raison de prétendre qu’Onfray impute au système freudien une incapacité de distinguer le bourreau de la victime. En effet, M. Van Rillaer évite soigneusement de citer le passage suivant d’Onfray que j’ai trouvé scandaleux et même un peu délirant.

Page 566, Onfray monte sur ses grands chevaux parce que d’après lui, Freud ne distingue pas assez radicalement le normal et le pathologique, (une opinion qu’il s’agit d’ailleurs de tempérer car Freud fait état de trois grandes étiologies : névrose, psychose et perversion).

Sur ces entrefaites, Onfray passe immédiatement du coq à l’âne, c’est-à-dire de la clinique à la morale, et en déduit abusivement que le système freudien est incapable de distinguer le bien du mal. Moyennant une extrapolation supplémentaire, c’est maintenant Freud lui-même qu’il accuse, – en recourant à un scénario d’autant plus improbable que Freud est mort en 1939, c’est-à-dire avant la guerre et la mise en œuvre de la solution finale-, d’être incapable de distinguer les victimes (par exemple, les sœurs de Freud assassinées dans les camps de concentration) des bourreaux (par exemple, Hoess, le commandant d’Auschwitz).

Voici le passage. Je défie quiconque de ne pas y voir l’illustration d’un esprit tordu et mal intentionné. D’autant plus que sur son blog, Onfray susurre que Freud n’aurait pas fait tout ce qu’il était en son pouvoir pour sauver ses sœurs et les sortir d’Autriche. Sœurs qui, rappelons-le, étaient octogénaires comme lui.

« Comment dès lors penser, par exemple, la solution finale qui va concerner la famille de Freud ? De quelle manière saisir intellectuellement ce qui psychiquement distingue sa sœur Adolphine morte de faim dans le camp de Theresienstadt, ou ses trois autres sœurs, disparues dans els fours crématoires d’Auschwitz en 1942, et Rudolph Hoess, le commandant de ce camp de sinistre mémoire si rien ne les distingue psychiquement, sinon quelques degrés à peine visible et comptant pour si peu que Freud n’a jamais théorisé cet écart minime et pourtant tellement majeur ? »


le mercredi 28 juillet 2010, Martin Gale a dit

Reprocher à Madame Roudinesco de recourir à l’argument ad hominem à l’égard d’Onfray (le point 8) comme le fait M. Van Rillaer est pour le moins curieux et paradoxal lorsqu’on sait que le livre d’Onfray n’est qu’un vaste argument ad hominem contre la personne de Freud. Il ne s’agit pas chez lui d’une approche circonstantielle. Bien au contraire, Onfray part du principe que la pensée d’un auteur relève entièrement de sa biographie (de sa généalogie), en somme qu’elle n’est qu’une « biographie déguisée ». C’est la raison pour laquelle il nie que les découvertes freudiennes soient applicables à d’autres personnes que Freud. Elles ne s’appliquent qu’au seul cas Freud. Et c’est aussi la raison pour laquelle une grande partie de l’ouvrage d’Onfray est consacrée à la recherche de petits secrets d’alcôve censés nous éclairer sur la personnalité de Freud et à nous aider à mieux cerner le personnage (paré comme il se doit de nombreux défauts).

Très bien. Mais alors, pourquoi ne pas rendre à Onfray la monnaie de sa pièce et en vertu du même principe « généalogique », considérer que sa pensée à lui et notamment ses considérations sur Freud et la psychanalyse ne valent que pour lui et trouvent leur source dans sa propre biographie ? Un homme si passionnément attaché à relever tel détail biographique révélateur chez d’autres philosophes ne trahit-il pas quelque chose de sa propre personne ? Et surtout, doit-il être dispensé du traitement qu’il fait subir à d’autres ?

A partir du moment où l’on dénie que la pensée d’un philosophe puisse valoir au delà de la sphère de sa propre personne, pourquoi la pensée d’Onfray échapperait-elle au même principe directeur ? Mais alors, dans un monde aussi solipsiste, pourquoi perdre son temps à lire et tâcher de comprendre la pensée des autres ? Et pourquoi Onfray se déclare-t-il nietzschéen, par exemple, si ce n’est qu’il reconnaît à la pensée de Nietzsche quelque chose qui vaut également pour lui, Onfray ?

Donc, de deux choses l’une. Ou bien la pensée d’un auteur vaut pour autrui et c’est également valable dans le cas du système freudien. Ou bien, elle ne vaut que pour l’auteur et alors, il est permis de chercher dans l’enfance d’Onfray ou dans ses relations avec son père et surtout avec sa mère, les racines symptomatiques de sa pensée, ce qui, par ailleurs, crève les yeux de n’importe quel lecteur un peu attentif.


le jeudi 29 juillet 2010, Van Rillaer Jacques a dit

Martin Gale a raison de dire que Freud distingue névrose, psychose et perversion, mais Freud ajoute aussitôt, qu’on fond de notre « Inconscient », rien de tout cela ne se distingue. Selon sa célèbre formule, « l’enfant est un pervers polymorphe ». Dans notre « Inconscient », nous sommes tous névrosés, pervers et même psychotiques. Onfray montre, par l’absurde, ce que cette thèse freudienne a de problématique.

Je rappelle ce qu’on peut lire au § 2.4 : Freud a répété, à de nombreuses reprises, que « la psychanalyse a démontré qu’il n’existe pas de différence fondamentale, mais une simple différence de degré, entre la vie mentale des gens normaux, celle des névrosés et celle des psychotiques ». Roudinesco, en freudienne orthodoxe, répète : « Selon Freud, la sexualité perverse polymorphe est potentiellement au cœur de chacun d’entre nous. Il n’y a pas d’un côté des pervers dégénérés et de l’autre des individus normaux. Il y a des degrés de norme et de pathologie. L’être humain, dans ce qu’il a de plus monstrueux, fait partie de l’humanité. » (p. 42)

Un psychanalyste belge a écrit qu’il y a un Marc Dutroux et un Michel Fourniret au fond de chacun de nous. J’ai été psychanalysé en bonne en due forme, je suis devenu psychanalyste … et je n’ai jamais rencontré une espèce de Dutroux ou de Fourniret au fond de moi. Roudinesco les a-t-elle rencontrés ou ne fait-elle que répéter Freud sans réfléchir ?

Concernant la 2e intervention de Martin Gale :

Onfray ne se lance pas dans le débat sur la valeur scientifique de la psychanalyse. Il se contente de faire une analyse psychologique de Freud. Mon § 27 évoque les limites de son analyse en la comparant à celles de Freud.

Roudinesco utilise systématiquement l’argument ad hominem (« pensée d’extrême-droite, « antisémite ») pour défendre le freudisme. En juillet 2005, quand « Le Nouvel Observateur » lui a proposé de débattre avec moi devant la direction avant de prendre la décision de faire un dossier sur la parution du « Livre noir de la psychanalyse », elle a refusé en disant que j’étais « antisémite ». Son explication : le fait que j’avais fait un compte-rendu du livre de Jacques Bénesteau « Mensonges freudiens » (éd. Mardaga), dans lequel je n’avais pas découvert ce qu’elle appelle de l’antisémitisme « masqué ».

Pour en savoir plus sur les mensonges et travestissements de Roudinesco, taper dans Google : Roudinesco.Legendes.pdf


le jeudi 29 juillet 2010, Martin Gale a dit

Sur l’imputation d’antisémitisme, je suis d’accord avec M. Van Rillaer. Accuser toute personne qui s’oppose au freudisme d’être antisémite est un argument particulièrement indigne. Indigne et ridicule, étant donné que bon nombre d’adversaires du freudisme furent juifs : Popper, Wittgenstein, Grünbaum etc.

Cela dit, M. Van Rillaer oublie de mentionner qu’Onfray joue ici au pompier pyromane car je l’ai entendu à plusieurs reprises suggérer que Freud aurait été lui-même antisémite (un comble !), en particulier pour avoir publié son « Moïse et le monothéisme » alors que les nazis étaient au pouvoir et persécutaient les juifs en Allemagne. Onfray va même jusqu’à prétendre que certaines thèses de ce livre auraient pu donner aux nazis des raisons supplémentaires de persécuter les juifs. Il s’agit ici d’une allégation gratuite et particulièrement calomnieuse, que les Français auront l’honneur d’entendre cet été sur les ondes d’une radio publique.

Rappelons que Freud caressait l’idée d’écrire ce livre avant prise de pouvoir des nazis et que ce livre ne fut publié en Angleterre qu’en 1939, alors que «Mein Kampf», rédigé en 1925 était largement diffusé, que les lois anti-juives étaient d’application depuis 1935 et que les œuvres de Freud étaient interdites depuis 1933. En 1939, les nazis n’avaient pas besoin de chercher dans ce livre – si tant qu’ils aient pris la peine de le lire – des arguments pour persécuter les juifs.

D’autres auteurs ont écrit au sujet des juifs durant cette période critique et personne n’a songé à en faire des collaborateurs potentiels des nazis. Bien au contraire, certains de ces écrits, peuvent être assimilés à des actes de résistance ou à des tentatives de comprendre les raisons d’une catastrophe annoncée. Je pense notamment à « La conception matérialiste de la question juive » du trotskyste Abraham Léon, un ensemble de notes rédigées entre 1940 et 1944, avant que l’auteur ne soit arrêté et déporté à Auschwitz.

Un des éléments invoqués par Onfray à l’appui de sa thèse selon laquelle Freud aurait fourni des arguments aux nazis est particulièrement symptomatique de sa méthode. Onfray reproche à Freud d’avoir fait du fondateur de la loi mosaïque un Egyptien. Un étranger quoi… En d’autres termes, – et ce nationalisme étroit étonne de la part de ce philosophe prétendument libertaire, surtout en cette ère multiculturelle – Onfray reproche à Freud de ne pas avoir attribué au judaïsme une origine spécifiquement juive. Bref, il lui reproche de ne pas être fier de son peuple. Mais n’est-ce pas plutôt la preuve d’une certaine ouverture d’esprit d’avoir fait d’un étranger le fondateur du judaïsme ? Au demeurant, si nous nous en tenons aux connaissances historiques, le monothéisme n’était pas à l’époque une spécialité hébraïque car la croyance en une divinité unique était répandue dans le bassin méditerranéen et au Proche-Orient.


le jeudi 29 juillet 2010, Martin Gale a dit

A propos de la différence entre le normal et le pathologique, on peut dire qu’en dépit des nombreux préjugés qu’on lui connaît et qu’Onfray se plait à relever, Freud avait une perception moins rigoriste, moins tranchée et finalement plus humaine des choses. Il savait lui, en médecin de « l’âme », et par expérience, une expérience qui fait cruellement défaut au philosophe en chambre Onfray, que les êtres humains sont faillibles, que nous avons tous un grain de folie, que nous sommes tous mus par des pulsions et des impulsions parfois irrépressibles, que nous sommes capables de violence, que l’on ne fait pas tout ce que l’on dit et que l’on ne dit pas tout ce que l’on fait, bref que nous sommes des créatures imparfaites loin, très loin de la grande santé nietzchéenne dont Onfray a fait sa religion de chevet et qui finalement s’avère extrêmement stérile lorsqu’il s’agit de comprendre son prochain.

C’est précisément le mérite du psychanalyste que celui de suspendre tout jugement moral à propos des comportements ou des pensées de ses patients. Là où le jugement péremptoire d’un Onfray s’arrête, là où passe son couperet et son couplet moral, le travail du psychanalyste commence. Il est évidemment plus facile de traiter un individu de « délinquant relationnel » comme un pisse-froid à la vertu outragée que d’essayer de comprendre et d’aider un homme ou une femme qui souffre.


le jeudi 29 juillet 2010, Y M O a dit

A l’heure où le consensus se fait sur l’importance des neurosciences dans la psychose, il suffit d’entendre le discours de certains psychanalistes sur la schizophrénie, pour constater le sectarisme de la pensée freudienne Dans la névrose oui peut-être; dans la psychose, certainement pas …


le vendredi 30 juillet 2010, Martin Gale a dit

A propos de l’aventure extra-conjugale présumée de Freud avec sa belle-soeur Minna, personne n’en sait rien et il faut avouer qu’on s’en fiche un petit peu sauf quelques « chercheurs » qui apparemment n’ont pas trouvé mieux à faire qu’à jouer les détectives privés. Il paraît même que certains d’entre eux ont été vérifier sur place si les chambres d’un hôtel où Freud et Minna avaient l’habitude de s’arrêter lors de leurs escapades italiennes possédaient bien une porte communicante. Quelle merveilleuse illustration de la scène primitive chère à Freud et de la curiosité sexuelle qu’elle inspire que la vision de ces chercheurs franchissant le seuil de la chambre extra-conjugale afin d’aller vérifier l’existence de l’acte adultérin. Il doit bien en rire dans sa barbe, le vieux Freud.


le mercredi 4 août 2010, Van Rillaer a dit

Réponse aux déclarations de Martin Gale du 30-7-2010

Dans Haine n°2, Roudinesco écrit p. 43 : « Aux Etats-Unis, le puritanisme allié au scientisme nourrissent les attaques contre le freudisme. Le débat historiographique a porté par exemple sur la sexualité de Freud. A-t-il couché avec sa belle-soeur en 1898 ? Selon la grande rumeur américaine, inventée de toutes pièces, Freud l’aurait mise enceinte et obligée à avorter. En France, ce type de polémique ne prend pas. »

Ainsi, du « débat historiographique » aux E.U., Roudinesco ne donne qu’un seul exemple : l’affaire Minna. A vrai dire, c’est une affaire tout à fait secondaire pour les historiens non hagiographes et quasi insignifiante pour les thérapeutes cognitivo-comportementalistes. Infiniment plus importants sont, par exemple, les mensonges de Freud concernant les soi-disant guérisons d’Anna O en 1181, des « 18 cas d’hystérie » de 1896 ou des « 200 neurasthéniques » de la même année. C’est là qu’on est au cœur des problèmes essentiels : l’honnêteté de Freud comme scientifique et l’efficacité thérapeutique de sa technique.

L’affaire Minna a ceci d’un peu excitant pour moi :

  1. Elle met Roudinesco hors d’elle, à tel point qu’elle consacre un chapitre entier de son Haine n°2 à vouloir prouver à tout prix que Freud est un homme à la sexualité irréprochable. C’est drôle.
  2. Elle illustre la raison pour laquelle les « Archives Freud » sont si lentes à s’ouvrir et pourquoi certaines resteront fermées jusqu’à une date non encore précisée (voir § 14 de mon document). Si l’on cache, c’est parce qu’il y a des choses très importantes à cacher.
  3. Cette affaire est une sorte de pied de nez à l’endroit des freudiens qui, comme chacun sait, se focalisent toujours sur les secrets d’alcôve. Faut-il rappeler que quand Freud regardait le tableau de Vinci « Ste Anne, Marie et l’Enfant-Jésus », il y voyait le petit Jésus s’adonnant à une fellation avec un soi-disant vautour (voir son célèbre « Un souvenir d’enfance de Léonard de Vinci » et l’analyse qui en est faite par Han Israëls dans Le Livre noir). On pourrait multiplier les exemples de cette Weltanschauung.
  4. Je pense que si Freud voyait à ce point du sexe partout — comme un homme affamé voit de la nourriture partout — c’est qu’il était particulièrement frustré en ce domaine. Je suis donc tout disposé à admettre que Freud a désiré sa belle-sœur et d’autres femmes, mais qu’il ne jouissait ni avec elle ni avec d’autres.Quant aux « quelques chercheurs qui apparemment n’ont pas trouvé mieux à faire qu’à jouer les détectives privés », comme le dit Gale, il faut préciser que ce sont tous au départ des admirateurs de Freud, à commencer par Henri Ellenberger (psychanalyste freudien lui-même), Sulloway, Swales, Israëls, Borch-Jacobsen et le chercheur qui a découvert le registre montrant que Freud a partagé une chambre d’hôtel avec sa belle sœur. Ce dernier, Franz Maciejewski, est… un psychanalyste freudien ! Voyez sa très intéressante interview sur Medscape :

http://www.medscape.com/viewarticle/555692


le dimanche 21 août 2010, Julien D a dit

Je me permet de faire remarquer à M. Gale qu’il se trompe de sujet. Il ne s’agit ni d’attaquer la psychanalyse, ni Freud, mais d’analyser le discours de Roudinesco.


le dimanche 21 août 2010, Julien D a dit

D’ailleurs, M.Gale, où sont passé vos exemple dans les derniers commentaires ..?

 

Analyse d’affirmations d’Élisabeth Roudinesco dans Mais pourquoi tant de haine ?