Cet article est paru dans notre newsletter n°20 en février 2007.

 

J’adore farfouiller l’histoire de la musique et de ses sources d’inspirations, surtout lorsqu’elles relèvent des croyances. Aujourd’hui, je vais vous parler des incroyables The Who, de l’extraordinaire Sinead O’Connor et de feu Terence Trent D’Arby.

The Who

« The exodus is here
The happy ones are near
Let’s get together
Before we get much older »
The Who, Baba O’Riley

The Who, groupe mythique des années 60-70, grande inspiration des punks par son coté destroy, c’est aussi le groupe qui a crée l’opéra Rock déjanté Tommy. J’en parle parce que leur gratteux toujours actif Pete Townshend, qui avait la sale manie de mettre le feu à ses guitares, était fan d’un gourou qui s’appelait Meher Baba. Il a même enregistré à la gloire du Yoga trois albums, I Am, Happy Birthday et With Love et Tommy est d’ailleurs dédié à Meher Baba. Quant à la chanson Baba O’Riley c’est une sorte d’hommage à l’avatar. Voir la version live ici .

 

L’avatar Meher Baba

Bon, Meher Baba, il ne vomit pas des oeufs d’or comme Satya Saï Baba, c’est vrai. Mais faut dire qu’il n’a pas ouvert la bouche entre 1925 et 1969, à sa mort. Il utilisait un alphabet pour communiquer. Il vantait l’abstinence sur les drogues, ce qui n’a semblé convaincre ni Townshend, ni les autres membres du groupe, dont le célèbre Keith Moon, mort d’overdose en 1978. Remarquez, Keith Moon avait la fâcheuse manie de détruire sa batterie : même qu’un jour, il l’a détruite avec des explosifs, juste à côté de Townshend, qui, dit la légende, en serait resté dur de la feuille. Est-ce pour ça que le message de Baba est resté lettre morte ? Bref, on s’en fout. Au passage, la plus profonde pensée de Meher Baba fut : « Don’t Worry Be happy », ce qui n’est pas le kilimandjaro de la sagesse, mais permit à Bobby McFerrin, dont je suis grand fan, de faire une chanson mythique en remuant ses orteils.

 

Sinead O’Connor

« There is no other Troy
For me to burn
 »
Sinéad O’Connor, Just like U said it would B

D’aucuns dont moi la considèrent comme l’une des chanteuses majeures des 50 dernières années. Pour s’en convaincre, il suffit d’aller regarder cette vidéo de la chanson Troy de 1988 au Pinkpop festival, et celle-ci, du classique irlandais The Foggy Dew, accompagnée par les immenses Chieftains.

En 1992, pour des raisons encore discutées, elle était venue chanter la chanson War, de Bob Marley, en y glissant une diatribe contre l’abus sexuel des enfants. C’était dans le Saturday Night Live, le 3 octobre. A la fin, d’une manière presque irréelle, la chanteuse à la tête rasée prend la photo du pape Jean-Paul II et la déchire en jetant à la caméra : « Fight the real ennemy », ce qui reste pour moi l’incarnation du culot. Je me rappelle les gorges chaudes dans les médias, j’avais vu ça par hasard, j’avais quinze ans et j’étais devenu fan.

Récemment j’ai vu la séquence où, trois ou quatre mois plus tard, elle vient chanter en hommage à Dylan au Madison Square Garden. S’ensuit un brouhaha incroyable, et le Madison se met à la huer. C’est impressionnant. Je vous encourage à voir comment elle gère et fait taire l’immense salle ici.

Bref, en 1997 elle part s’excuser auprès du pape pour son geste. Puis, on le voit dans ses albums, elle vire mystique. Le virage n’a semble-t-il pas l’air fini car je viens de découvrir qu’elle est désormais ordonnée prêtre de la One Holy Catholic Apostolic and Palmarian Church, aux ordres de Manuel Alonso Corral dit Pierre II, antipape de Benoît XVI. Pierre II qui a pris soin de préciser qu’il n’était pas Petrus Romanus, le dernier pape annoncé par la prophétie de St Malachie. O’Connor en a été quitte pour se faire excommunier par Rome.

 

Terence Trent d’Arby

« Dolphin, Come visit with me anytime
I will follow your love forever
’cause I see the flame
when I look into your eyes
 »
Sananda Maitreya, Dolphins

Un soir, il y a peu, juste avant de me coucher, je fus pris de panique : cornegidouille, qu’est donc devenu Terence Trent D’Arby ? – chanteur de If you let me stay, wishing Well, Delicate, etc, avec cette voix proche de celle de Sam Cooke en plus feutrée, et hélas sa musique qui me laisse souvent perplexe.

Je farfouille un peu et hop, je vois qu’il a changé son nom en… Sananda Maitreya !!!!

Pour les habitués des frasques de Gilbert Bourdin alias Messie Cosmoplanétaire alias Meitreya (Mandarom), ça en bouche un coin, et pas le moindre. Sauf que Bourdin était le Hamsa Manarah – Meitreya de synthèse, excusez du peu ! Il avait fait un Bouddha Meitreya de 22m de haut à Castellane, vous vous rappelez peut être, qui a été ensuite déboulonné avec fracas en 2001.

Sananda Maitreya, c’est parfois le nom qu’on donne à Jésus, et c’est aussi le nom du Ashtar Command, avatar de Jésus dans la Fraternité Blanche Universelle. Ca tripe sévère New Age, Extraterrestres, théosophie (les fameux Maîtres Supérieurs de Mme Blavatsky et son Colonel Olcott) et c’est recensé dans divers rapports parlementaires contre les dérives sectaires.

Alors pourquoi a-t-il changé de nom, Terence ? J’ai un peu regardé, il répond ici :

Question : Que signifie votre nouveau nom Sananda Maitreya ?

Réponse : Je ne le sais pas, comme je ne sais pas d’ailleurs ce que veut dire Terence Trent d’Arby. L’essentiel pour moi c’est que cela sonne indien. Je me ressens dans une âme asiatique avec un corps d’Occidental .

Fichtre ! Maitreya signifiant en sanskrit « compassion », il ne faut pas en manquer pour Sananda.

 

Richard Monvoisin

Chroniques zétético-musicales n°01 : The Who, Sinead O’Connor et Terence Trent D’Arby