Le 9 novembre 2007, le controversé blog (pseudo) zététique mettait en ligne une critique d’une expérience menée par l’OZ. L’article se terminait par une fable illustrant les méthodes et relations entre parapsychologues et sceptiques (vu comme deux groupes de pêcheurs), face au phénomène psi (vu comme la présence de poissons dans un lac). J’avais alors commenté cette fable dans un email envoyé en privé à l’auteur (anonyme). S’en sont suivi quelques échanges que je me permets de publier aujourd’hui (l’auteur me l’avait alors proposé) suite aux nombreux commentaires posté ici, notamment ceux relatif à la collaboration entre sceptiques et parapsychologues ; plus précisément, entre l’OZ et le GEIMI. Une précédente proposition avait déjà été déclinée par l’IMI.


L’histoire commence le 9 novembre 2007 avec l’article du (pas encore déclaré) GEIMI :

(…)
Pour conclure, nous souhaiterions proposer une petite histoire qui propose selon nous une métaphore des protocoles de l’OZ dans leur rapport aux phénomènes paranormaux. Bien entendu, il ne s’agit que d’une métaphore, mais nous pensons qu’elle illustre bien certains des paradoxes.Supposons que deux groupes de pêcheurs soient au bord d’un lac. Des personnes ont témoigné qu’elles avaient vu, dans ce lac, des poissons : des gros, des petits,etc. Les deux groupes de pêcheurs décident que le seul moyen de savoirs’il y a des poissons, consiste à pêcher l’un des poissons.Les deux groupes de pêcheurs tentent d’attraper les fameux poissons. Les deux groupes n’en obtiennent aucun. Les deux groupes de pêcheurs ont alors des attitudes très différentes.Que fait le premier groupe de pêcheur ? Il ne change rien : il garde un gros hameçon, ne change pas d’endroit et n’utilise pas d’appât. Pour ces pêcheurs, la seule chose qui compte, c’est ce qu’ont dit les témoins autour du lac qui rapportent qu’ils ont vu un énorme poisson à tel endroit dans telle condition.L’autre groupe de pêcheurs conclut qu’il n y a pas de gros poissons et qu’il faut certainement se méfier des témoignages : ils testent donc d’autres choses : ils changent d’endroit, changent d’hameçon, utilisent différents appâts et se renseignent auprès d’anciens pêcheurs. Au fil de ses tentatives, ce groupe de pêcheur finit par réussir, assez régulièrement, à obtenir des poissons.

Ces pêcheurs indiquent donc à l’autre groupe comment faire pour attraper des poissons. Mais rien n’y fait, le premier groupe ne change rien à ses façons de faire. Ce dernier groupe se méfie en effet du premier groupe de pêcheurs. Pourquoi obtiendraient-ils des poissons et pas eux ? Sont-ils vraiment honnêtes ? Ne seraient-ils pas allés pêcher ces poissons ailleurs ? Les autres pêcheurs essayent pourtant de leur expliquer : utilisez un hameçon plus petit, il n y a pas de gros poisson ! Utilisez des appâts, sinon ces poissons ne viendront pas !

Cela ne change rien : ce groupe de pêcheur continue à pêcher au même endroit avec un gros hameçon. Ces pêcheurs continuent donc à penser qu’il n y a pas de poissons dans le lac. Ils en parlent même au village, ce qui, du coup, ridiculise, même si ce n’est pas leur intention, les personnes qui ont vu des poissons et le groupe de pêcheur qui a réussi à en attraper.

Lorsque ces groupes de pêcheurs se croisent, le deuxième groupe tente d’essayer d’expliquer au premier groupe qu’ils devraient changer leur méthodes. Mais le premier groupe ne change rien : selon lui, c’est un débat qui n’évoluera jamais car leurs positions sont différentes de celle du deuxième groupe de pêcheurs : ils ne pêcheront qu’avec un gros hameçon car ce qui compte, avant tout, c’est de se fier à ce qu’ont dit les personnes ayant vu des poissons…

Y a-t-il des poissons dans ce lac ?

Le 21 novembre 2007, je répondais…

Bonjour,
J’aime bien votre fable. Je me suis permis de la compléter…Y a-t-il des poissons dans ce lac ?Les pêcheurs bornés venaient à en douter… Car lorsqu’ils demandaient aux pêcheurs malins de leur montrer les poissons qu’ils ramenaient, les pêcheurs malins ne leurs montraient jamais que des photos de poissons, mais pas de poisson frais! Les pêcheurs bornés n’ayant toujours pas vu ces fameux poissons de leurs yeux, ils insistaient. Mais les pêcheurs malins leur répondaient d’aller voir à la bibliothèque du village qui témoigne des histoires et légendes du lac.Les pêcheurs bornés commençaient également à être agacés car les jeunes pêcheurs malins ne cessaient de se moquer d’eux, leurs donnaient des leçons de pêche et les traitaient d’amateurs car ils rentraient toujours bredouille. Alors même que les pêcheurs bornés étaient équipés du meilleur matériel, et qui avait bien fait ses preuves : de fins et solides filets qu’on savait être bien plus efficace que les hameçons dans tous les cas. Les pêcheurs professionnels du monde entier étaient unanimes.Frustré de ne toujours rien attraper, les pêcheurs bornés ont demandé plusieurs fois aux pêcheurs malins s’ils ne pouvaient pas pêcher ensemble ou participer à une de leurs pêches miraculeuses et enfin voir de vrais poissons sorti du lac… Mais les pêcheurs malins refusaient de leur montrer, disant qu’ils n’avaient pas de temps à perdre avec des pêcheurs amateurs. Qu’ils étaient trop occupés à pêcher (en fait, à se moquer des pêcheurs bornés) pour s’occuper de ceux qui se demandent encore ce qu’ils pêchent. Et qu’il n’est pas question d’embarquer avec eux (ne serait-ce qu’en spectateur) avant qu’ils ne connaissent toutes les histoires et légendes du lac, sans quoi ils ne sauraient voir ces poissons, ou feraient foirer la pêche…

Les pêcheurs bornés étaient de plus en plus sceptique quant à la réalité des allégations des pêcheurs malins. Et après une petite enquête, ils se rendirent compte qu’en fait les pêcheurs malins n’étaient pas pêcheurs, mais membre d’un groupe d’écologistes qui voulaient juste faire classer le lac comme réserve naturelle. Et que pour y parvenir, il faillait y « trouver » des poissons…

Les habitants du village n’y comprenaient pas grand chose à ces histoires de pêcheur. Et encore aujourd’hui, ils ne comprennent pas non plus pourquoi les pêcheurs malins refusent toujours de montrer un seul poisson frais (au lieu de s’obstiner à montrer de vielles photos), ou d’accepter les pêcheurs bornés à bord pour leur montrer (plutôt que leur dire). Alors qu’il serait si simple pour les pêcheurs malins de lever le mystère et de remporter l’opinion générale.

FLorent.

Le même jour, réponse de l’auteur.

La suite de la suite de la fable :
Pourtant les poissons frais sont bien là : les pêcheurs qui en attrapent indiquent clairement aux pêcheurs bornés comment ils doivent le faire. Pourtant, aucun pêcheur borné n’a jamais accepté d’utiliser ces techniques. Les pêcheurs qui attrapent des poissons finissent par se dire que ces pêcheurs bornés doivent avoir bien peur d’attraper un jour un poisson pour ne pas accepter d’utiliser les techniques qu’ils proposent.Les jeunes pêcheurs malins se moquent des pêcheurs bornés car ils ne se réfèrent pas aux techniques des pêcheurs spécialistes de la question, ceux qui ont tenté de pêché pendant des années. Ils préfèrent se référer aux techniques de l’illuminé du village, que personne ne prend au sérieux, si ce n’est pas les pêcheurs bornés. Les jeunes pêcheurs ont l’impression que là encore, il s’agit d’un moyen permettant aux pêcheurs bornés d’éviter d’écouter les pêcheurs plus expérimentés. Qui plus est, les solides filets utilisés dans d’autres lacs n’ont jamais permis d’attraper le moindre poisson dans celui ci. Alors pourquoi ne pas utiliser le filet de ceux qui disent en attraper, car il s’agit ici de poissons bien particuliers ?Les pêcheurs bornés ne demandent pas à des pêcheurs qui attrapent de poissons : ils demandent surtout à des pêcheurs qui tentent d’attraper des poissons eux-aussi. Les pêcheurs bornés voient là une nouvelle tentative d’éviter d’aller à la pèche avec eux alors qu’il s’agit surtout d’un manque de place sur l’embarcation. Pourquoi les pêcheurs bornés n’utiliseraient-ils pas leur propre barque, mais avec les mêmes techniques, afin de vérifier eux-mêmes ? Les pêcheurs bornés auraient-ils trop peur de pêcheur seul ?Si certains pêcheurs étaient des écologistes, on découvrit également que les chercheurs bornés étaient des industriels qui avaient tout intérêt à ce qu’il n y ait pas de poissons afin de pouvoir raser le lac et y installer une usine. On se rend compte aussi, après enquête, que certains pêcheurs qui attrapent des poissons, ne sont ni écologistes, ni industriels, mais dès lors qu’ils attrapent des poissons, ils sont suspectés d’être des écologistes par les pêcheurs bornés. Car pour ces derniers, il est bien évident qu’il n y a pas de poisson alors si quelqu’un attrape un poisson, c’est tout aussi évident qu’il est écologiste.Au final, les poissons frais sont bien là mais les pêcheurs bornés continuent à dire qu’ils n’ont pas le temps de s’y intéresser. Lorsque que quelques poissons leur sont montrés, il apparait malheureusement bien vite que les pêcheurs bornés n’y connaissent pas grand chose en pêche et en poisson, ce qui explique qu’ils n’utilisent pas les filets des autres pêcheurs : ils ne les comprennent pas et ne savent pas s’en servir.

Blog Zététique

Le lendemain, ma réponse :

>Souhaitez-vous que votre commentaire soit publié sur le blog ?

Non, ce que je souhaite c’est faire des expériences avec vous!

Manifestement, je suis trop borné pour faire seul une expérience qui marche. C’est pourquoi j’aimerais votre expérience pour enfin voir le psy en action. Après votre jolie fable pleine de bonne volonté, je serais stupéfait (même atterré) que vous refusiez.

Je vous inviterais bien chez moi, mais mon appartement ne semble pas faire assez « laboratoire » pour vous. Je laisse le lieu à votre discrétion. Commençons peut-être par le plus évident: de la friture ou un bête poisson chat. Enfin, ce qui a le plus de chance de donner un résultat. Quand je vous lis, ca à l’air si facile de pêcher, que je me demande quelle expérience vous allez proposer. Je trépigne d’impatience. Et je me réjouie sincèrement à l’idée d’enfin voir ce que je rêve de voir depuis toujours.

Cordialement,
FLorent MARTIN.

L’ultime réponse de « Marcello Truzzi »

Bonjour,
Il n’est pas si facile de pêcher malheureusement, loin de là. Mais avec les bonnes techniques, de la patience, et de la rigueur, certains disent que c’est possible. Alors pourquoi ne pas les écouter et vérifier par soi-même si c’est vrai ?Nous n’avons malheureusement pas le temps de participer à la mise en place d’une expérience avec vous. Comme vous le savez, la mise en place d’une expérience scientifique demande du temps et des moyens. Nous n’avons malheureusement ni l’un ni l’autre.Cependant, vous dites rêver de voir un effet psy. Nous n’y croyons pas pour plusieurs raison. La première, si vous en rêviez, vous auriez déjà ouvert un ouvrage de parapsychologie, et vous auriez donc constaté que le terme psi s’ecrit psi et psy. La deuxième raison, c’est que si vous rêviez tant d’observer un effet psi, vous n’auriez guère besoin de demander l’aide de rédacteurs d’un Blog. Vous feriez comme le fait n’importe quelle équipe scientifique qui souhaite obtenir un résultat : vous reprendriez le protocole le plus adapté et vous le mettriez En attendant, à défaut de pouvoir mettre en place cette expérience avec vous, nous sommes prêt à aider tout groupe sceptique qui souhaiterait reproduire un protocole scientifique sur ces questions.  Vous pouvez nous faire parvenir votre protocole et nous donnerons un avis du point de vue de la parapsychologie scientifique. Si vous voulez absolument monter un protocole avec des scientifiques sur ces questions, tournez-vous vers les équipes universitaires de Grande-Bretagne ou d’Allemagne, peut-être accepteront-ils.Blog Zététique

Voila pour les échanges. Je laisse ces commentaires à votre appréciation.

Florent MARTIN.
Observatoire zététique

Réponses: 2 Commentaires


le Thursday, January 3rd, Florent MARTIN a dit

Je me permets de rajouter en commentaire une réponse à ce dernier message du GEIMI.

> Il n’est pas si facile de pêcher malheureusement, loin de là. Mais avec les bonnes techniques, de la patience, et de la rigueur, certains disent que c’est possible.

Ce qui était « ce groupe de pêcheur finit par réussir, assez régulièrement, à obtenir des poissons » se réduit maintenant à « certains disent que c’est possible« . J’ai noté à plusieurs reprise que plus on se penche sur l’allégation, plus vous modérez vos affirmations. Les « nombreuses expériences avérées » deviennent des « effets subtile difficile à reproduire »… Qu’en est-il de la réelle reproductibilité de ces expériences?

> Nous n’avons malheureusement pas le temps de participer à la mise en place d’une expérience avec vous.
Je trouve cet argument difficilement recevable: en effet, quand on voit le temps que vous avez consacré à l’OZ pour critiquer son travail (ce qui est louable éventuellement), on se dit que la moitié de ce temps aurait suffit à dresser une expérience. Ce temps, vous avez fait le choix de le consacrer à la critique plutôt qu’à la collaboration, à éloigner nos assoc respectives plutôt qu’a les rapprocher. C’est dommage et regrettable à mon sens.

Quant au « avec vous« … Je ne suis pas certain de comprendre. L’OZ ne serait pas assez crédible pour justifier une collaboration, mais suffisamment pour justifier la critique ?

Voici les réponses reçues par l’OZ aux propositions de collaboration :
– non, pas le temps. (alors qu’il y en a pour les critiques)
– non, pas avec vous: vous êtes des amateurs.
– non, demandez à quelqu’un d’autre ! (allez voir ailleurs, on se renvois la balle)
– Oui, mais uniquement si vous pouvez mettre un hôpital à disposition. (en clair : non)

> Comme vous le savez, la mise en place d’une expérience scientifique demande du temps et des moyens. Nous n’avons malheureusement ni l’un ni l’autre.
De nombreuses expériences ne demandent pas tant de matériel que ca. Pour tirer un nombre au hasard par exemple, il suffit souvent de rouler un dé. L’usage d’un couteux générateur de hasard ne se justifie que très rarement.

> Cependant, vous dites rêver de voir un effet psy. Nous n’y croyons pas pour plusieurs raison.
Vous mettez en doute ma bonne foi ?

> La première, si vous en rêviez, vous auriez déjà ouvert un ouvrage de parapsychologie, et vous auriez donc constaté que le terme psi s’ecrit psi et psy.
« S’ecrit psi et psy » dites-vous? Je ne comprends pas votre phrase. Auriez-vous fait une coquille comme moi? Vous mettez en doute ma bonne foi sur cette faute de frape?

> La deuxième raison, c’est que si vous rêviez tant d’observer un effet psi, vous n’auriez guère besoin de demander l’aide de rédacteurs d’un Blog.
Il faut croire que si, car des expériences l’OZ en a menées. J’ai personnellement assisté à chacune d’entre elles. Elles n’ont donnée aucun résultat malheureusement.
En outre, vous m’inviter ici à me passer de vous alors que dans l’introduction de votre article vous dites (souligné et en gras): « C’est aussi la raison pour laquelle nous proposons à l’Observatoire Zététique, mais aussi à d’éventuels autres groupes sceptiques, notre avis sur leurs protocoles »
Finalement, devons-nous vous demander conseil ou pas ?

Cordialement,
Florent MARTIN.


le Tuesday, January 22nd, Flauz a dit

Bonjour Florent,

je pense que la phrase est « psi s’écrit psi et pas psy. » Je ne connais pas beaucoup de sceptiques qui ne fassent pas la faute.

> La deuxième raison, c’est que si vous rêviez tant d’observer un effet psi, vous n’auriez guère besoin de demander l’aide de rédacteurs d’un Blog.
Il faut croire que si, car des expériences l’OZ en a menées. J’ai personnellement assisté à chacune d’entre elles. Elles n’ont donnée aucun résultat malheureusement.

mais à aucun moment vous ne vous êtes référés à un protocole qui a donné des résultats. Pour le protocole sur la radiesthésie vous vous êtes référés à des (un) protocole(s) n’ayant pas donné de résultat, les améliorations que vous y avez apporté consistent entre autre à ce que le radiesthésiste ne puisse pas mettre en cause a posteriori certains facteurs (ambiance, négativité des expérimentateurs) pour un manque de résultats; mais on dirait que vous n’avez pas cherché à améliorer le protocole de manière à obtenir des résultats tangibles.

 

Collaboration entre sceptiques et parapsycholoques…