Bonjour,
suite à un échange à propos des psycho-dérapies, le
Dr Damien Garitte nous a soumis ce texte qui nous semble être une excellente base de réflexion sur la question des psychothérapies à risque.

Le voici. Puisse-t-il éclairer les diverses victimes de ces pratiques.

Richard Monvoisin

Les Dérives dans les Psychothérapies

En mars 2005, Pascale GRUBER écrivait, dans « Le Vif – L’Express » un excellent article intitulé « Au secours, mon Psy est un malade ». Titre provocateur ? Nous ne le croyons pas. Il y a vraiment lieu de s’alarmer tant les dérapages sont devenus nombreux chez les psychothérapeutes autoproclamés. […]

Nous désirons avant tout rappeler qu’il n’existe pas, en Belgique, comme dans d’autres pays voisins, de statut du psychothérapeute, ce qui permet à n’importe qui de s’autoproclamer psychothérapeute. Ceci n’est pas sans risque évidemment dans la mesure où nous rencontrons malheureusement régulièrement du « n’importe qui » et du « n’importe quoi » dans ce secteur des soins de santé qui est déjà si difficile à gérer pour nous médecins. Ce problème de dérives est maintenant bien connu depuis des années en Belgique et le Ministre de la Santé et ses collaborateurs travaillent afin de donner un cadre légal aux professions de la santé mentale. C’est en tout cas ce que nous répond une collaboratrice du Ministre de la Santé, après nous avoir précisé que notre courrier relatant notre histoire familiale confirmait, une fois de plus, cette nécessité de cadre légal. Et de poursuivre : « les responsables politiques sont très conscients des drames familiaux provoqués par le manque d’éthique de certains  » thérapeutes ». Les guillemets sont bien présents dans la réponse que nous recevons et sont pour nous d’une importance capitale. Nous ne résistons pas de penser que la présence de ces guillemets nous permet de lire « dérapeutes » (expression de M. Guy ROUQUET, Président de Psychothérapie – Vigilance en France) au lieu de « thérapeutes ».

Depuis plus de dix ans, nos responsables politiques étudient cette difficile question. Il n’y a toujours pas de solution aujourd’hui ! L’absence de réaction ne correspond-elle pas à une autorisation tacite de continuer. Nous répondrons par l’affirmative et c’est évidemment très grave.

Quels Principes ?

De très nombreuses techniques de thérapies sont, en matière de dérive, pointées du doigt par les spécialistes en la matière, nous y reviendrons. Nous commencerons par essayer de voir comment il est possible, de manière théorique, d’entraîner les adeptes dans ces dérives.

Plusieurs techniques de thérapies qui sont ici visées possèdent des points communs notamment le fait de former un ensemble disparate de méthodes de communication (apprendre à reformuler un message, à décoder des signaux non verbaux…) basé sur un ensemble tout aussi disparate de références théoriques avec peu de fondements scientifiques ou même de validation empirique.

1. Les principes que nous retrouvons souvent et qui sont facilement identifiables :

  • Un sujet (le « dérapeute » ou une de ses références) qui fascine et qui est au-dessus de toute critique ou cité à tout propos.

  • Les références sont peu nombreuses (parfois un seul auteur représente 80 % de la bibliographie) et souvent unidirectionnelles.

  • Les stages se déroulent souvent sur un mode émotionnel et affectif plutôt qu’intellectuel.

  • Les rôles sociaux et le raisonnement sont mis de côté au profit de l’expression directe des sentiments.

  • Les théories et les idées sont très (trop ?) simples voire simplistes.

  • L’absence de principes déontologiques orientés vers l’aide et la santé. Certains « dérapeutes » reçoivent en thérapie privée certains de leurs « élèves » par exemple. La déontologie ne le permet pas. Et de toutes façons, il est facile de comprendre que cette façon de travailler empêche éventuellement « l’élève » d’entendre un une autre version et de pouvoir ainsi récupérer une partie de son esprit critique.

  • L’exploitation et le profit (du « dérapeute ») priment sur les bénéfices du patient-client.

  • Des « cours » qui peuvent être confondus avec une « thérapie » de groupe.

  • L’absence de connaissances en psychopathologie et en psychiatrie qui auraient permis de mieux orienter les personnes perturbées.

  • L’absence de formation permettant de relativiser les connaissances et de ne pas prétendre à la vérité.

  • La pratique de prescriptions impératives à des changements de vie, de pratique professionnelle, d’abandon radical des repères et des valeurs initiales

  • La prétention de répondre à toutes les questions, à résoudre tous les problèmes, à guérir tous les maux, à détenir la vérité exclusive

  • L’appauvrissement des relations avec ceux qui n’appartiennent pas au groupe.

  • Une mentalité de « justes » persécutés par les autres.

  • La possibilité d’obtenir un « diplôme » de « thérapeute » (Maître praticien en … !) après avoir suivi quelques cours nébuleux.

De nombreux points cités ci-dessus se passent évidemment de commentaire. Nous aimerions cependant nous attarder quelque peu sur le fait que le raisonnement est souvent mis de côté au profit de l’expression directe du sentiment. Nous désirons préciser que cette façon d’agir peut évidemment représenter un risque important de dérive. En effet s’il est évident que dans certains domaines, l’expression du sentiment est nécessaire et suffisante, il n’en est évidemment pas de même pour déterminer ce qui est juste ou injuste, vrai ou faux, réel ou irréel. Si nous écrivons que les théories ou les idées sont souvent simplistes, c’est parce que nous avons pu constater que certains « dérapeutes » font un amalgame et que même pour déterminer ce qui est réel ou irréel, vrai ou faux, juste ou injuste, ils poussent leur patient-client à se baser exclusivement sur leurs sentiments. Or nous avons appris en psychiatrie que tout individu « normal » se rend compte spontanément que, pour déterminer ce qui est réel ou irréel, vrai ou faux, juste ou injuste, il doit se baser sur des points de repères extérieurs à lui-même. Nous espérons que ceci est évident pour tous ! En proposant, dans ces cas, l’expression directe des sentiments, ces « dérapeutes » peuvent pousser la personne instable ou fragilisée à fuir la réalité ou en tout cas à présenter des troubles de perception de la réalité. Ceci est évidemment destructif de la personne elle-même, mais aussi de toute la famille avec laquelle elle vivait et de laquelle elle se déconnecte également.

En ce qui concerne une meilleure orientation des personnes perturbées, il ne faut pas croire naïvement, comme le laissent entendre certains, qu’il s’agit d’exceptions. En effet, en Belgique 8 % de la population est atteint, à un moment donné de son existence, de troubles psychiatriques, ce qui est énorme. En effet cela représente quelques 240 personnes si le fichier du médecin comprend 3 000 patients. Et sur ce même nombre de personnes, 30 seront atteintes à un moment donné de leur existence de schizophrénie. Ce qui n’est évidemment pas négligeable. Et ce sont justement ces personnes fragilisées qui sont les plus sensibles aux dérives…

Nous avons déjà expliqué que la dérive provoquée par ces « dérapeutes » pouvait parfois s’expliquer par l’utilisation, à tort, de l’expression directe des sentiments. Dans les cas de personnes perturbées, la dérive s’explique également très bien par l’incompétence du « dérapeute » à faire un diagnostic de maladie psychiatrique. Dans ce cas, en effet, celui-ci, prive son « patient-client » du traitement dont il a besoin et le pousse ainsi plus loin dans sa maladie. Un exemple simple est la réaction paranoïde qui peut être provoquée par ce type de cours ou thérapies. A partir du moment où le « dérapeute » ne peut pas (ou ne veut pas) diagnostiquer une paranoïa, vous pouvez, sans peine, imaginer ce que provoquera l’expression directe du sentiment et la défense de celle-ci dans le cas d’une fausseté de jugement… Plutôt que de rechercher la présence des autres symptômes de la paranoïa, l’incompétence de ces « dérapeutes » augmentera évidemment cette réaction paranoïde en persuadant son « patient-client » que son jugement est bon et, ce faisant, il augmentera encore l’entêtement que le paranoïaque a déjà d’avoir raison envers et contre tout !

En ce qui concerne la simplicité de ces méthodes, nous ne pouvons résister à citer ici Christian Ballico, qui est docteur en psychologie, lorsqu’il précise : « La simplicité intellectuelle de la PNL (tant au niveau de ses fondements que de ses objectifs) est d’ailleurs ce qui fait son succès. Acquise en quelques semaines dans des « Instituts » ou des « Centres de développement » et ouverte au « tout venant » sans autre obligation que de s’acquitter du prix (généralement prohibitif) de la formation, la PNL fascine un public peu formé à la démarche scientifique et surtout extrêmement naïf et crédule dès lors qu’il est question de « communication », de développement personnel ou de « psychologie » ». Ces propos sont évidemment valables pour de très nombreuses « thérapies » ou autres « cours » basés sur les principes que nous avons décrits plus haut.

Quelques principes plus rares

Ces procédés sont plus rarement décrits, mais existent. Si nous les signalons ici, c’est pour souligner que rien n’est impossible dans les psychothérapies. C’est ainsi que sont décrites toutes sortes de déviances allant de la prétention…

  • que la psychothérapie est plus efficace lorsque le thérapeute et ses patients évoluent dans un état de nudité totale (Ecole de Gestalt et d’analyse transactionnelle entre autres)

  • que les relations sexuelles du thérapeute avec ses patients peuvent déboucher sur des améliorations thérapeutiques notables par « revalorisation narcissique » ou « dédramatisation » du fantasme (Ecole de Gestalt entre autres)

  • qu’il est possible de certifier comme psychothérapeute des patients schizophrènes (écoles d’analyse transactionnelle)

  • qu’il peut être fait usage de punitions sur ceux-ci car elles sont censées les restructurer, qu’il est naturel d’introduire familiarité et relations affectives au sein des traitements…

Vous aurez compris que l’emprise du « psycho-dérapeuthe » se définit d’abord comme un assujettissement psychologique, l’exploitation d’un état de vulnérabilité, de l’état d’ignorance et de faiblesse d’un individu avec abus de sa crédulité, souvent à des fins de gain financier. Vous aurez également compris grâce à ces exemples que l’expression « n’importe quoi » utilisée plus haut n’était pas usurpée !

Il est à noter également qu’il est difficile pour un patient de réagir face à ces comportements dans la mesure, sans doute, où il devrait accepter le fait de s’être fait arnaquer, voire violer. Cependant les choses commencent (enfin) à bouger. C’est ainsi qu’au tribunal correctionnel de Namur s’est ouvert le procès d’un psychothérapeute qui s’est fait accuser de viol par une de ses patientes. Pour sa défense, le psychothérapeute argue que « cela faisait partie de la thérapie pour apprendre à revivre une vie affective normale, et que si relations sexuelles il y a eu dans le cabinet où il exerçait, ses clientes étaient parfaitement consentantes’’… Nous vous laissons évidemment seuls juges !
D’autres réactions existent qui pourraient également déboucher sur des procès.

Quels sont les signes qui doivent attirer notre attention  ?

C’est évidemment en observant le comportement de la personne que l’on peut tenter d’établir un diagnostic. Comme chacun peut, à un moment donné de son existence, présenter des périodes de crises et donc des modifications éventuelles de son comportement, il faut donc être attentif à l’addition d’un certain nombre d’indices et être alerté notamment si la personne

  • change sa façon de parler. Elle adopte un vocabulaire nouveau. Ou encore, elle impose de nouvelles règles de conversation en refusant désormais l’utilisation de certains mots ou expressions, ce qui fait que le langage peut paraître, aux autres membres de la famille, en tout cas étrange, voire étranger puisqu’il est propre au groupe dont fait partie la personne qui dérive. Ce changement peut concerner également l’élocution (ton monocorde, débit de parole différent…)

  • change ses habitudes alimentaires, vestimentaires, de lecture ou encore les horaires (activités nocturnes par exemple)

  • renie les règles de vie défendues et appliquées jusqu’alors.

  • Se désinvestit dans les domaines qui lui tenaient à cœur auparavant.

  • Est en situation de rupture avec sa famille, sa vie affective, sociale, professionnelle ou scolaire.

  • Refuse les soins qui lui sont conseillés même par ses propres enfants.

  • Refuse de parler de sa nouvelle façon de voir les choses en dehors du cercle familial restreint.

  • Fuit des engagements importants.

  • Refuse de consulter d’autres personnes que son « gourou – dérapeute » et laisse entendre que ce sont les autres membres de sa famille qui le refusent.

  • Paraît moins enthousiaste qu’auparavant dans la vie familiale alors que cet enthousiasme est retrouvé lorsqu’il s’agit de préparer des activités pour le groupe.

  • Présente une « anesthésie affective » vis-à-vis des ses proches (mari, enfants)

  • Fait des déplacements parfois longs dont elle ne veut dévoiler l’objet

  • Est très sollicitée par le groupe par courrier, téléphone ou mails

  • Se replie sur elle-même et cache de nombreuses choses

  • A besoin d’argent plus que d’ordinaire et peut aller jusqu’à vendre certaines choses auxquelles elle tient pour s’en procurer. Dans certains cas vous voyez l’utilisation de l’argent (nouveaux habits par exemple) mais dans certains cas l’argent semble s’envoler (stages et séminaires du groupe, produits dérivés : livres et autres revues)

  • Est totalement soumise et dévouée aux dirigeants du groupe et ne tolère pas les critiques à leur égard. Elle considère que ces dirigeants sont détenteurs de LA vérité et de LA sagesse universelle.

  • A perdu tout sens critique et a la réponse à toutes les interrogations existentielles (réponses toutes faites du groupe). Dans certains cas, elle ne peut plus répondre à certaines questions qui l’obligeraient à reconnaître que le groupe dysfonctionne et répond de ce fait « n’importe quoi » pour être débarrassée de la question, ce qui donne une impression d’incohérence.

Vous comprendrez donc en fonction de ce tableau peu réjouissant que les membres de la famille vont se plaindre auprès de vous de l’impression qu’ils ont d’avoir face à eux une personne inconnue voire même une étrangère. « Elle n’est plus la même qu’avant, nous ne la reconnaissons plus, elle n’est plus elle-même ». La personne elle-même peut affirmer l’inverse et, en niant avec entêtement les modifications de son comportement, aller jusqu’à dire que c’est seulement maintenant qu’elle est elle-même… Sa façon d’être peut également changer : air distrait et distant, une forme d’agressivité vis-à-vis de ses proches ou au contraire une euphorie décalée quand elle parle de son groupe, où « cela va de soi » tout est rose et violette.

Nous insistons encore que c’est la conjugaison de plusieurs facteurs cités ci-dessus qui doit vous alerter.
Dans ce cadre, il est évidemment important de savoir, à l’instar de diagnostics de certaines pathologies psychiatriques, que c’est en collaboration avec les membres de la famille proche que le diagnostic pourra être établi. Nous savons effectivement que dans bon nombre de cas le comportement de l’adepte n’est pas du tout le même dans son environnement qu’en dehors, ce qui ne facilite pas le diagnostic. D’autant plus que, il faut le rappeler, dans son délire, le paranoïaque est souvent très cohérent.

Que faut-il faire (ou éviter de faire)  ?

Avant de parler de ce qu’il faut faire ou ne pas faire, nous désirons préciser que les propositions que nous allons faire sont extrêmement difficiles à mettre en pratique. D’une part, parce que pour les autres membres de la famille, l’adepte n’est plus reconnu tant son comportement est modifié et qu’il est donc évident qu’il se passe quelque chose « d’anormal », mais encore et surtout parce que c’est à chaque minute de vie que nous sommes confrontés à ces comportements anormaux qui se révèlent être terriblement usants et enfin parce que nous avons l’impression que ce que nous proposons va à l’encontre du comportement spontané de la plupart d’entre nous. Pourtant c’est la seule façon de faire. Nous croyons qu’il est très important que les membres de la famille se fassent guider par des psychiatres spécialisés dans ces matières et / ou par certaines associations dont les références sont reprises plus loin. Rester seul dans ces circonstances est probablement la plus grave erreur que l’on puisse faire.

  • Ne pas culpabiliser la personne en dérive. En effet lui reprocher d’appartenir à ce groupe et de délaisser la structure familiale ne fera que l’éloigner encore plus de la famille. L’exercice est difficile parce qu’il est évident pour nous que les méthodes utilisées sont charlatanesques, et donc il sera tentant, après tant de conversations absurdes de dire : « mais comment est-il possible que tu puisses suivre tant d’inepties ». Il faut absolument éviter ceci. Dans ces circonstances, l’adepte se sentira dévalorisé et agressé et fuira encore plus. Nous devons nous rappeler que n’importe qui peut, à un moment donné de son existence être fragilisé et de ce fait être happé dans des dysfonctionnements dont il est inconscient, alors que pour le monde extérieur cela semble tellement extravagant.

  • Il est très important de ne pas émettre de jugements de valeurs sur le groupe et ses leaders et surtout ne pas utiliser les mots « secte », « gourou », « bourrage de crâne », « lavage de cerveau » ainsi que toute autre critique vis-à-vis du groupe. De la même façon, évitons de faire de l’humour sur ce sujet même si les rituels du groupe vous semblent déraisonnés.

  • Il est inutile de tenter de quelque façon que ce soit de démontrer à l’adepte qu’il a tort, qu’il est crédule. C’est un exercice qui très difficile, cela peut sembler insurmontable, voire insupportable, mais, ce faisant, vous entreriez, bien malgré vous dans le jeu de la secte ou de la dérive.

  • Rappelons-nous que l’une des dynamiques du groupe de dérive repose sur le fait que seul le groupe (« les bons ») détient LA vérité (suprême) et que les gens extérieurs (« les mauvais ») sont bien incapables de comprendre. Plus nous critiquerons le groupe, plus nous ferons partie des « mauvais » et plus la réaction paranoïde augmentera.

  • Ne pas étaler la souffrance de la personne en dérive, ni lui dire qu’elle en est la cause, la réaction paranoïde engendrée par ces dérives est déjà bien suffisante comme cela.

  • Maintenir le lien : faire sentir à l’adepte que, malgré les modifications, il est aimé, même s’il a fait des choix que nous ne pouvons pas approuver. Parler de la vie, du quotidien, et rappeler éventuellement les bons souvenirs antérieurs. Il est nécessaire d’évoquer tout cela dans un contexte positif en évitant les comparaisons disqualifiantes en comparant son comportement actuel avec celui d’avant.

  • Ne pas donner d’argent, les groupes n’attendent que cela.

Nous avons déjà suffisamment souligné la difficulté de mettre en pratique les propositions que nous venons d’énumérer. Mais il faut savoir que le pronostic est mauvais. Ce n’est évidemment pas parce que le pronostic est mauvais qu’il ne faut rien tenter. En fonction de ce que nous avons lu et de notre expérience personnelle, il n’y a pas de solution miracle. Le but que nous poursuivons est de faire resurgir un minimum d’esprit critique chez l’adepte. Vous aurez compris que c’est très difficile. Ce travail doit être réalisé en douceur malgré l’énorme souffrance de la famille. La moins mauvaise solution, à notre avis, est d’essayer de contacter une personne de confiance de l’adepte et de parvenir à convaincre cette personne de venir avec vous chez des professionnels de la santé et contacter les associations que nous avons évoquées, (la tâche n’est pas nécessairement facile) qui pourront lui expliquer la relation de cause à effet des « cours » et autres « thérapies » suivis et le comportement anormal voire incohérent de l’adepte et ensuite expliquer la nécessité de réaliser le plus rapidement possible le traitement adéquat. Nous avons déjà dit que le pronostic était mauvais. Plus le temps avance, plus celui-ci s’assombrit.

Peut-on coller un nom sur ces thérapies – dérives

Il ne s’agit évidemment pas de dénoncer la psychothérapie comme étant un outil dangereux mais nous ne pouvons pas nier que son utilisation peut être source de multiples dérives : manipulation, escroquerie, mise sous dépendance, exploitation, profits, sectarisme… Détournées de leur finalité par certains, toutes les techniques de psychothérapie peuvent être utilisées à des fins de mise sous dépendance. C’est ainsi que seront utilisées P.N.L., analyse transactionnelle, sophia-analyse, rebirth, hypnose, sophrologie, gestalt-thérapie, kinésiologie et bien d’autres encore, dans le but de déstabiliser les individus par un travail de remise en question de leurs représentations du monde extérieur et du monde interne, par l’acquisition de nouvelles connaissances et d’un nouveau langage, par la fabrication de certitudes et, enfin de modeler la personnalité grâce à une relation privilégiée établie entre le thérapeute et le patient où la neutralité bienveillante et l’analyse du contre-transfert n’existent pas.
Nous insistons donc bien sur le fait qu’il faut être prudent dans l’analyse diagnostique et donc ne pas faire d’amalgame. Si le rapport 2001 de la Mission Interministérielle de lutte contre les sectes (devenue depuis la Mission de Vigilance et de Lutte contre Dérives Sectaires : MIVILUDES – France) a désigné la P.N.L. comme étant à risque sectaire en psychothérapie, nous ne pouvons en déduire que tous les thérapeutes qui utilisent certaines méthodes propres à la P.N.L. sont des charlatans. La personnalité du thérapeute et la bonne compréhension de certains mécanismes et ensuite leur bonne utilisation sont évidemment capitales. Cependant en utilisant ces techniques réputées comme étant à risque, ils ouvrent malgré tout une porte à la dérive dans la mesure où leurs patients peuvent très bien être attirés par des lectures nébuleuses proposées par ces gourous ou aboutir chez un thérapeute qui utiliserait les mêmes techniques et qui serait moins scrupuleux. Nous insistons donc bien sur le fait que, c’est lorsque ces techniques sont mal comprises et / ou mal utilisées que le pire est à craindre. C’est malheureusement souvent le cas surtout chez les « thérapeutes » autoproclamés. Les signalements recensés font état de dysfonctionnements particulièrement graves : confessions en grands groupes où les participants sont renvoyés à d’hypothétiques problèmes personnels et finissent par craquer ; régression, culpabilisation, interprétation sauvage, destruction des défenses…

Nous estimons donc important d’attirer l’attention des médecins et autres professionnels de la santé sur les dangers qu’une pratique inappropriée des techniques citées plus haut est susceptible d’engendrer, ce que viennent hélas confirmer les témoignages des victimes. Ces victimes et leurs familles n’expriment généralement pas de critique à l’égard de la méthode, ni même envers les dérives auxquelles sa pratique mal maîtrisée a pu conduire. Mais il faut admettre qu’un risque en tant que tel est réel, et que ces dérives existent. Nous ne pouvons le nier puisqu’elles sont avérées. Le refus et le déni de cet état de fait sont insupportables pour les victimes et leur famille. Elles déplorent également l’absence totale de compréhension et de compassion à l’endroit de celles et de ceux qui ont fait les frais d’expériences conduites sans prudence et sans contrôle ainsi que la difficulté de réagir : il n’existe pas d’autorité compétente dans ces matières de soin de santé qui pourraient arrêter le processus.
Alors restons vigilants. Les médecins ont potentiellement le pouvoir, sinon le devoir, d’éclairer et conseiller à leurs patients et leur famille d’éviter les risques des « dérapies ». Personne n’étant à l’abri d’un état de faiblesse psychologique à un moment de sa vie, autant savoir et prévenir les patients en danger afin de leur porter assistance, et d’éviter des drames personnels et familiaux plus pénibles qu’une déprime passagère.

Les dérives dans les psychothérapies