La zététique
- Qu’est-ce que la zététique ?
- Pourquoi ce nouveau mot de « zététique » ?
- Quel rapport avec le scepticisme ?
- Quel rapport avec le rationalisme ?
L’Observatoire zététique
- Quelle est votre spécificité par rapport aux autres groupes sceptiques ?
- Quels rapports avez-vous avec Henri Broch ?
- Comment vous situez-vous politiquement ?
- Quel est votre positionnement par rapport aux religions ?
Fonctionnement de l’Observatoire zététique
La zététique
Le mot zététique vient du grec zetetikos, « qui cherche la raison des choses », dérivant du verbe zêtein, « chercher ». Pyrrhon, au troisième siècle avant l’ère chrétienne, l’utilisait au sens de « refus de toute affirmation dogmatique ». Dans la version moderne du terme, la zététique est la méthode scientifique appliquée à l’analyse des phénomènes rapportés comme extraordinaires, étranges, parfois considérés comme « paranormaux » ou surnaturels. Par extension, la zététique est l’analyse scientifique de toutes les théories ou pseudo-théories présentant des hypothèses très éloignées du consensus scientifique actuel : par conséquent la gamme d’objets d’études va des hypothèses extraterrestres jusqu’aux médecines dites alternatives, des miracles jusqu’aux animaux mystérieux, des créationnismes jusqu’aux théories des fluides énergétiques ou des auras. Du coup, la portée pédagogique de l’étude de tels sujets s’est avérée si grande que, dernièrement, le terme zététique en est venu à désigner l’ensemble des méthodes didactiques permettant l’enseignement de l’esprit critique. On pratique la zététique la plupart du temps sans le savoir.
Pourquoi ce nouveau mot de « zététique » ?
L’idée de réutiliser le terme zététique vint de Marcello Truzzi, sociologue de la East Michigan University, qui fonda en 1976 la revue The Zetetic (devenue depuis le Skeptical Inquirer). En France, le terme a été ravivé par le professeur Henri Broch, physicien de l’Université de Nice-Sofia Antipolis avec pour leitmotiv l’application d’une « hygiène préventive du jugement » à toute théorie sortant de l’ordinaire. Pourquoi ne pas garder le simple terme « science » ? Parce que devant ce qui est considéré comme « extraordinaire » ou « paranormal », la demande sociale est forte, et de nombreux fantasmes sont suscités. La démarche zététique s’applique à une gamme de phénomènes soulevant une telle charge affective qu’il est nécessaire de prendre certaines précautions : tenir compte de l’engagement psychologique des individus, le contexte historique et politique dans lesquels émerge le phénomène, la philosophie sous-jacente, etc. Une petite définition un peu plus formelle est donnée dans l’article « Zététique, petite définition ».
Quel rapport avec le scepticisme ?
En gros, y a une version antique et une version moderne du terme scepticisme. Nous revendiquons la version moderne, dite modérée, qui défend l’idée qu’il est possible de bâtir des connaissances vraisemblables, — ou en tous cas plus vraisemblables que d’autres — mais à la condition que l’on épuise toutes les alternatives, les contre-arguments, biais et erreurs de raisonnement ou d’interprétation avant de conclure à cette vraisemblance. Un sceptique refusera de se positionner en terme de croyance « j’y crois/je n’y crois pas » : il évitera les affirmations a priori, qu’elles soient en faveur ou en défaveur de la théorie considérée, et exercera un doute « ouvert » avant enquête. Devant un manque d’information manifeste, le sceptique suspendra son jugement. La zététique telle que nous la pratiquons est en quelque sorte la partie opératoire, l’outillage de la posture philosophique sceptique.
Quel rapport avec le rationalisme ?
Si l’on entend par raison la faculté humaine qui permet de fixer des critères de fausseté, alors la zététique est donc nécessairement rationaliste. Certes, la raison n’est pas le seul outil de création de connaissance : l’art, les révélations, la foi, la tradition, la contemplation ou l’introspection en sont d’autres ; mais la raison est ce qu’il y a de plus pratique et de plus juste pour bâtir des connaissances vraisemblables, poser un savoir commun et évacuer les affirmations les plus fausses. Seul inconvénient : la raison ne permet pas de donner du sens aux phénomènes. La science, rationnelle, n’a pas d’autre but que de décrire, et en aucun cas elle ne donne de portée métaphysique à la réalité.
La zététique et l’Observatoire zététique
Quelle est votre spécificité par rapport aux autres groupes sceptiques ?
Le paysage sceptique français est très varié. On y trouve les tendances rationalistes déclarées, comme l’Union rationaliste ou l’Association française pour l’information scientifique (AFIS), des courants libres penseurs, des athées militants, des défenseurs des philosophies matérialistes comme l’association AssoMat ; il y a le courant Bright, qui appelle à une compréhension non-surnaturaliste de l’univers ; on retrouve une frange des mouvements de défense de l’individu et de prévention du sectarisme, comme le Cercle laïque de prévention du sectarisme (CLPS), certaines Associations de défense de la famille et de l’individu (ADFI) ou le Groupe d’étude des mouvements de pensée en vue de la prévention du sectarisme (GEMPPI). Il y a enfin les collectifs centrés spécifiquement la zététique. Leur objet est double : la diffusion populaire des méthodes de pensée critique, et l’expertise scientifique sur les phénomènes ou théories réputées étranges. Voici les collectifs français se réclamant de la zététique qui nous sont connus.
- À Nice : le laboratoire de zététique, laboratoire universitaire de la Faculté des sciences de Nice-Sophia Antipolis, est secondé par une association de sympathisants, le Centre d’analyse zététique.
- À Montpellier : le Cercle zététique Languedoc-Roussillon (CZLR), avec Patrick Augereau et Françoise Mariotti.
- À Grenoble : l’Observatoire zététique, association créée en 2003 et dont vous consultez actuellement le site web.
- À Marseille, du Club zététique du collège Jean Giono se développe un groupe de travail mené par Denis Caroti et Jérôme Bellayer.
- À Monaco : l’AMAZ, association monégasque d’analyse zététique, créée en 2007.
Reste à citer la première association du genre, le Cercle zététique, créée en 1994 à Metz, puis transféré à Paris, jusqu’à sa dissolution en 2005. Suite à différents événements d’ordre associatif et politique, l’Observatoire zététique ne revendique aucun lien avec cette défunte association, ni avec ses anciens membres depuis le printemps 2005.
Quant aux thèmes et aux valeurs propres à l’OZ, voir la page « association« .
Quels rapports avez-vous avec Henri Broch ?
Nous avons des contacts fréquents avec le Professeur Henri Broch, directeur du laboratoire zététique. Richard Monvoisin (membre fondateur de l’Observatoire zététique) fut en doctorat sous sa direction et est désormais chercheur associé au laboratoire. Henri Broch est également consulté souvent lors des enseignements zététiques qui existent à Grenoble depuis quatre ans. L’Observatoire zététique se félicite donc de travailler régulièrement avec lui. Notons qu’Henri Broch choisit, dans certains de ses écrits ou interventions orales, d’opter pour une expression plutôt « dure » et sans complaisance. L’Observatoire zététique diverge sur ce point en adoptant une approche tout aussi ferme mais plus avenante : nous savons tous que déconstruire une croyance est un processus parfois douloureux et que la forme qu’on y met influe grandement sur la réception du message. Nous préférons une démarche parfois lente, certes, mais peut être plus appropriable. Cette divergence porte donc sur la stratégie employée, mais pas sur le fond. Quant à la forme d’expression, les livres du professeur niçois nous posent parfois problème. Seuls ouvrages de zététique méthodologique disponibles, ce sont assurément des livres de chevet pour la démarche qui y est exposée. Il est cependant difficile de les faire lire à quelqu’un qui adhère à l’un des sujets déconstruits et nous le regrettons
Comment vous situez-vous politiquement ?
Entendons-nous bien sur le mot « politique ». À la question de savoir si l’Observatoire zététique soutient un mouvement ou une tendance politique liés à un parti, la réponse est non. Hormis l’extrême-droite et ses courants, toutes les tendances politiques sont ou ont été présentes au sein de l’Observatoire zététique, depuis la droite républicaine jusqu’à l’anarchisme de gauche. Nous ne discutons pas de ces divergences au sein de l’association et tout le monde s’en porte bien. Le seul combat politique que nous nourrissons est l’accès populaire à une information complète et contradictoire sur les sujets relevant de la zététique, et la transmission de l’outillage zététique nécessaire pour éviter les pièges liés aux adhésions trop hâtivement remportées. Au passage, cet outillage critique permet d’analyser les discours, notamment politiques, afin d’y détecter la manipulation de la vérité. Le seul engagement politique que nous revendiquons est l’auto-défense intellectuelle. Le doute prôné est un doute raisonnable et non systématique. Bien que nom commun (et donc récupérable à l’envi par tous y compris à des fins idéologiques ou rhétoriques), la zététique ne saurait par conséquent en aucun cas servir de justification à des courants de pensée douteux tels que les négationnismes. L’Observatoire zététique désavoue donc fermement toute tentative de récupération idéologique de la zététique, particulièrement celles qui viseraient à fournir un paravent à des visées négationnistes. Plus généralement, l’Observatoire zététique réprouve les instrumentalisations de la zététique aux fins de prouver une thèse, qu’elle soit de type historique, scientifique, religieuse, etc.
Quel est votre positionnement par rapport aux religions ?
Le choix religieux est une affaire personnelle. Le paysage de l’Observatoire zététique sur cette question n’est pas homogène. Il y a à l’Observatoire zététique des croyants, d’autres agnostiques, d’autres athées. Ce point n’est pas un sujet de discussion au nom de la différence entre une croyance comme « adhésion remportée » (croire en une thérapie par exemple) et une croyance comme « acte de foi » (postuler un dieu, par exemple). Si l’adhésion à une théorie peut être critiquée zététiquement, un acte de foi n’est pas discutable, puisqu’il ne se base sur rien de tangible. La zététique ne peut (et ne veut) traiter la question de Dieu. Par contre, toute trace de « preuve scientifique » de l’existence de Dieu, de son action potentielle ou d’un de ses miracles peut être analysée zététiquement. Il n’y a que lorsqu’un groupe spirituel impose pour vrais des faits non prouvés (comme le créationnisme et ses avatars, comme les miracles en général) ou qu’un groupe politique ou religieux tente de force de greffer une intentionnalité, un « esprit », un dessein, aux phénomènes naturels, que l’Observatoire zététique se prononce. Le reste est affaire de chacun.
Fonctionnement de l’Observatoire zététique
Elles sont assez diversifiées et se calquent sur les buts que s’est fixée l’association. Outre la tenue de notre réunion mensuelle, nous organisons régulièrement des conférences et interventions diverses, soit en notre nom, soit pour des intervenants extérieurs. Nous animons également des stands lors de diverses manifestations telles que la Fête de la science. Dans le cadre de la promotion de l’esprit critique et de la démarche sceptique, l’Observatoire zététique s’efforce également de soutenir les cours de zététique dispensés en milieu universitaire (participations aux jurys, présence aux soutenances). Outre ces moyens, la diffusion d’une information sceptique est assurée par la rédaction d’articles pour le présent site internet et notre blog, ainsi que par la diffusion régulière, le 13 de chaque mois, de notre Newsletter informatique. Nous sommes également sollicités ponctuellement pour des interventions dans la presse écrite et audiovisuelle. Nous animons également une liste de discussion publique. Enfin, nous sommes amenés à l’occasion à mettre en place des protocoles expérimentaux, ou à mener des enquêtes sur le terrain. Nous tentons toujours d’accompagner notre démarche rigoureuse d’une écoute bienveillante et d’un humour parfois potache ; ce n’est pas incompatible. Le respect d’autrui fait partie des conditions sans lesquelles on ne peut bâtir un dialogue.
Nos réunions mensuelles sont annoncées sur notre agenda en ligne. Diverses manifestations publiques, conférences et présentations émaillent également l’agenda selon les périodes, et des cours sont donnés à l’université. Pour rester informé de nos activités, vous pouvez jeter un œil régulièrement à notre site internet, vous abonner à nos flux RSS, à notre Newsletter mensuelle, nous lire sur le blog zététique ou nous rejoindre sur notre forum. Vous pouvez également nous contacter par courriel à contact@zetetique.fr ou par téléphone sur notre boite vocale, au 09 51 44 08 66.
Vous pouvez venir nous voir sans pour autant adhérer à l’association. L’Observatoire zététique ne recherche pas spécialement des adhérents dans le but de grossir une liste ou un compte en banque. C’est pourquoi nous essayons de faire en sorte que les personnes qui adhèrent à l’association ne se trompent pas d’endroit, n’espèrent pas « en découdre » avec qui que ce soit, et soient motivées pour agir au sein de l’Observatoire zététique. Il est donc fortement conseillé de venir nous voir rencontrer avant tout.