Écrit par Richard MONVOISIN
Lundi 15 Mars 2004

Fiche à mettre entre les mains crochues de toute personne souhaitant réaliser une enquête au sein de l’OZ.

  1. Une investigation ne se monte qu’à la demande de la personne testée.
  2. La personne testée doit être majeure et responsable d’elle-même. En aucune façon des enfants ne seront testés, même avec le consentement des parents.
  3. En cas de doute, quel qu’il soit, sur la moralité de la personne testée, l’OZ se réserve le droit de refuser ou d’arrêter l’investigation.
  4. Avant toute investigation, la personne testée doit signer la décharge de responsabilité vis-à-vis des résultats des tests, quels qu’ils soient.
  5. En cas de visite chez la personne testée, l’invitation par courrier ou courriel est un document juridique à conserver.
  6. L’équipe d’investigation doit demander la permission au testé avant de prendre des notes, enregistrer, photographier ou de filmer la rencontre.
  7. L’équipe doit demander à la personne testée en quels termes elle accepte que les résultats de l’investigation soient publiés : anonymat complet, anonymat partiel, brouillage de la voix, du visage…
  8. L’équipe doit être ni trop nombreuse, ni constituée d’une seule personne. L’idéal serait un nombre de 3, comprenant au moins un membre de l’OZ ayant déjà réalisé une investigation, et, si possible, un psychologue.
  9. Il est préférable qu’un seul des membres de l’équipe se charge du contact avec la personne testée, pour ne pas multiplier les interlocuteurs.
  10. Les membres de l’équipe devront désengager par écrit l’association OZ de toute responsabilité en cas d’accident survenu lors d’une investigation (disparition, ensorcellement, entorse, hémorroïde)
  11. L’équipe doit au préalable de la rencontre décrire l’association loi 1901 Observatoire Zététique, expliquer la démarche zététique, et préciser que son engagement porte sur des moyens, non sur des résultats. En outre, elle n’a pas pour objectif de de soigner, de désenvoûter ou de trouver des solutions aux problèmes : elle teste des phénomènes.
  12. Il convient de distinguer les phénomènes relevant du paranormal « spontané », « autonome » ou encore « exogène », c’est-à-dire qui se produisent hors de toute volonté (apparition, poltergeist, ovni, etc.), des phénomènes relevant du paranormal qu’on pourrait qualifier d' »endogène », c’est-à-dire lié à la volonté d’un individu (pouvoirs PK, psi, télépathie, etc.). La première catégorie se prête à une investigation sur documents ou sur le terrain, la seconde à une investigation laborantine.
  13. Pour éviter tout malentendu sur le point précédent, l’équipe doit circonscrire et éclaircir la demande de la personne testée, pour la traduire sous forme d’expérience. Si la demande ne se traduit pas en expérience, alors la demande n’est pas recevable.
  14. L’équipe assistera, si c’est possible et si les conditions sont idoines, à une démonstration du ou des phénomènes incriminés avant de penser un protocole.
  15. L’équipe évitera d’improviser un test ou de réaliser un test dès la première rencontre.
  16. L’équipe pourra éventuellement décrire les investigations déjà menées sur des thèmes similaires.
  17. L’équipe doit privilégier toutes les formes préalables d’autotests, réalisables par la personne testée seule.
  18. En cas de nécessité d’une enquête, l’équipe bâtira son protocole de tests avec la personne testée : chaque test portera sur une variable isolée.
  19. A chaque étape, toutes les issues compossibles de chaque test doivent être prévues avec la personne testée : réussite et échec étant des termes flous, les résultats devront se situer sur une table de probabilité prévoyant des écarts-type sur lesquels l’équipe et la personne se sont préalablement entendues, de même que la suite à donner à l’investigation selon chaque issue.
  20. Tout test doit être réalisé en double-aveugle.

Conseils en vrac : ce que tout le monde sait déjà :

  1. Une équipe doit être cordiale, polie et présentable.
  2. Elle doit éviter toute remarque narquoise ou blessante vis-à-vis de ce que la personne nous propose de tester : partons du principe que cette dernière a vécu l’expérience qu’elle nous raconte (pas nous !) et de la déontologie suivante : déconstruire une croyance gratuitement est un acte violent.
  3. Le mot « sceptique » est négativement connoté : l’acception moyenne renvoie à une personne qui ne croit rien, même contre l’évidence*.
  4. La posture sceptique est nécessaire. Toutefois posture sceptique ne signifie pas arrogance, mais circonspection.
  5. Garder en tête que le phénomène testé peut être … réel ! Voire vraiment surnaturel ! Ce serait effectivement dommage de le manquer, vu les efforts que nous déployons.
  6. On a une fâcheuse tendance à voir ce que l’on cherche : de même que vouloir voir des fantômes peut amener à en voir, ne pas vouloir en voir peut amener à ne pas en voir. Méfiance envers les biais que nous dénonçons chez les autres.
  7. Il est bon de connaître quelques rudiments de l’histoire des phénomènes paranormaux en rapport avec le test, de façon à ne pas tomber des nues lorsque la personne testée cite des références. Sur simple demande, des membres de l’OZ peuvent se prêter à des débriefings larges.
  8. Il est souhaitable de connaître quelques aspects de la psychologie de base, notamment les spirales d’engagement.
  9. Il est recommandé, au cas où la personne testée soit malhonnête, d’avoir des connaissances de prestidigitation ou de mentalisme, ou d’être accompagné par un illusionniste. D’où l’intérêt d’un atelier « pratique de l’illusionnisme ».
  10. Se remémorer les effets récurrents lorsqu’on aborde l’extraordinaire, notamment :
  1. L’effet Bi-standard, qui consiste à modifier les règles du jeu en fonction des réponses (et/ou des joueurs) pendant le cours du jeu.
  2. L’effet Petits Ruisseaux : si les petits ruisseaux font les grandes rivières, les petits oublis (ou erreurs) permettent les grandioses théories. Question à se poser: tous les paramètres sont-ils donnés et donnés correctement (unités utilisés, cohérence globale, valeur fonction du temps,..) ?
  3. L’effet Cigogne, qui consiste à confondre corrélation et causalité.
  4. L’effet Bipède : raisonner d’une ferme conviction vers une cause possible, raisonner à rebours, prendre l’effet pour la cause.
  5. L’effet Cerceau, raisonnement circulaire qui consiste à admettre au départ ce que l’on entend prouver par la démonstration que l’on va faire.

Enfin, garder en tête les facettes suivantes :

  1. Les anomalies ne sont pas un fondement
  2. Un scénario n’est pas une loi
  3. L’inexistence de la preuve n’est pas la preuve de l’inexistence
  4. La bonne foi n’est pas un argument
  5. Positionner le curseur vraisemblance
  6. Situer l’hypothèse sur l’échelle vraisemblance
  7. Accorder toute son importance à l’incertitude d’un résultat
  8. L’analogie n’est pas une preuve
  9. Le mode de rejet des données est significatif
  10. Le bizarre est probable
  11. L’erreur est humaine, la faillibilité permanente ne l’est pas
  12. La force d’une croyance peut être immense
  13. La charge de la preuve appartient à celui qui déclare
  14. Une allégation extra-ordinaire nécessite une preuve plus qu’ordinaire.

*Je rappelle ce dicton cantalou déjà usé jusqu’à la corde : « toutes celles qui font semblant d’y croire sont des fausses sceptiques ».

Mener une enquête au sein de l’OZ