Le 9 novembre 2007, Jacques Salomé vient à Grenoble. Pour l’occasion, force publicité est faite, notamment chez le libraire Decitre puisqu’une conférence est organisée à l’amphithéâtre Louis Weil de l’Université Joseph Fourier.
À l’amphithéâtre Weil ?
De l’université ?

Cette annonce a surpris certains d’entre nous, à l’Observatoire Zététique.

Le Centre Reliance, association organisatrice de cette conférence, présente Jacques Salomé comme « psychosociologue et formateur en relations humaines ». Il faut dire que J. Salomé est le créateur d’une méthode appelée ESPERE® qui fait l’objet de succès de librairie plutôt surprenant. Le 9, il vient parler d’un de ses thèmes privilégiés, le « courage d’être soi ». devant un amphithéâtre de l’Université des sciences de Grenoble qui sera bondé – les 900 places sont déjà réservées.


Derrière les théories psychologiques de Jacques Salomé, qui peuvent sembler parfois un peu simplistes, ce qui nous inquiète, c’est le glissement vers ces discours de plus en plus répandus – et pas sans danger malheureusement – sur l’origine des maladies imputables à des « traumatismes » quasi-archéologiques qu’il faudrait aller déterrer de son passé, parfois de sa généalogie, pour en guérir. Ces théories, sans fondement avéré, font la fortune de la psychogénéalogie par exemple, ou de la « biologie totale ». Elles « décodent » les prénoms comme les maladies et affirment par exemple que « Valérie » signifie « valez rien », que « Denis » se rapporterait inconsciemment à « déni ». Voire que l’on pourrait souffrir de « migraine » (« demi graine ») en mémoire d’un jumeau mort. Fleuron de la pratique psychanalytique lacanienne, la « langue des oiseaux », consistant à lire dans l’homophonie des mots l’origine des maux, est présente également dans les enseignements de Jacques Salomé (« Ne plus habiter sur la planète Taire », titre un de ses ouvrages).
Alors évidemment, en lisant sur le site de Reliance qui fait la promotion de la méthode ESPERE® : « Et si le corps criait avec ses maux ce que nous enfermons dans le silence des mots ? » [1] ou dans la présentation de la conférence de Jacques Salomé : « Entendre les maux comme des langages», nous nous inquiétons. Et nous pensons aussi à Claude Sabbah qui le 30 juin 2007 [2] donna une conférence à la Sorbonne, bénéficiant ainsi du prestige de cette université pour en légitimer le contenu aux yeux du public.

Nous ne savons pas si Jacques Salomé flirte avec la psychanalyse lacanienne ou avec le décodage biologique de Claude Sabbah, mais plusieurs indicateurs titillent notre inquiétude.

Les enseignements de Jacques Salomé ont-ils un caractère pseudo-médical ?
Les gestionnaires de l’amphi Weil se sont-ils posés la question du crédit a priori qu’ils donnent à J. Salomé en autorisant la conférence à l’université (comme ce fut le cas pour C. Sabbah le 30 juin 2007 dans les amphis de la Sorbonne) ? L’amphithéâtre Weil a-t-il un œil sur les critères de scientificité des conférences qu’il accueille ?

Pour répondre à ces questions, nous avons choisi d’enquêter le plus simplement du monde. Tout d’abord directement auprès de l’association Reliance, à Échirolles et de son responsable Jean-Luc Mermet, que nous allons contacter derechef. Ensuite à l’université Joseph Fourier de Grenoble, qui héberge cette conférence dans son plus grand amphithéâtre.

Nous vous tiendrons au courant dès que nous aurons des éléments nouveaux, que nous ayons eu tort ou raison de nous inquiéter.

Richard Monvoisin, G. F.

[1] Voir Centre Reliance
[2] Voir sur ce point Claude Sabbah et la charlatanesque « déprogrammation biologique » à la Sorbonne , par O. Hertel, ou Une secte à l’université Panthéon-Sorbonne, dans le Nouvel Observateur du 17 juillet 2007 et dans Sciences et Avenir de septembre 2007

 

Les théories de Jacques Salomé, y a-t-il un problème ? Enquête