Une petite chapelle à l’entrée du village provençal des Arcs-sur-Argens [1] protège les reliques d’un corps attribué à Roseline de Villeneuve. Exposé dans une châsse vitrée, le corps de cette moniale du XIVe siècle se serait miraculeusement conservé à travers le temps. Ses yeux auraient même gardé leur éclat « vivant », du moins jusqu’à ce qu’un médecin trop curieux cherchant à comprendre la nature de ce phénomène, ne perce l’œil gauche et ainsi malheureusement ne l’« éteigne ». Grâce aux nombreux miracles qu’elle aurait accomplis durant sa pieuse vie et après sa mort, et bien qu’elle n’ait jamais été officiellement canonisée, Roseline fut élevée au rang de sainte, dans le cœur et la mémoire des Provençaux qui continuent aujourd’hui à se recueillir devant ses reliques, lors de plusieurs pèlerinages annuels.

Lorsque j’étais enfant, on m’a souvent raconté la légende de sainte Roseline, indissociable du village des Arcs, où naquit mon grand-père. Entre doute et fascination, cette histoire a toujours suscité chez moi de nombreuses questions auxquelles je peux enfin apporter quelques éléments de réponse… Mais avant d’en vérifier la véracité historique et scientifique, revenons d’abord plus en détail sur cette légende.

 exposées dans la chapelle des Arcs-sur-Argens (Var).


La légende de sainte Roseline


Le livret et la plaquette proposés à l’entrée de la chapelle des Arcs racontent aux touristes l’histoire de Roseline de Villeneuve, telle que la rapportent ses différentes hagiographies [2]. Les multiples versions de la légende de sainte Roseline ne diffèrent pas beaucoup du récit que nous résumons ici. Voici donc ce que les visiteurs de la chapelle venant voir ces reliques apprennent au sujet de sainte Roseline.

Née en 1263 au château des Arcs, Roseline, Rossolina en provençal, était la fille de Giraud II de Villeneuve, seigneur des Arcs, Trans, La Motte et Esclans et de Dame Aigline de Sabran d’Uzès. Alors qu’elle était enceinte, celle-ci aurait entendu une voix lui prédire : « Tu enfanteras une rose sans épine, une rose dont le parfum embaumera toute la contrée ». Dès lors, un doux parfum de rose se serait répandu autour d’elle.

Roseline était l’aînée de sept enfants, mais par deux fois – lors de sa naissance et au moment de sa première communion – une auréole était apparue au dessus de sa tête, marquant sa destinée merveilleuse. Roseline faisait preuve d’une grande générosité et distribuait de la nourriture aux pauvres qui s’amassaient aux portes du château. Son père lui interdisait pourtant tant de largesses mais Roseline ne pouvait s’empêcher de lui désobéir. À 12 ans, le tablier de sa robe empli de pain, elle se fit surprendre par son père. Mais, lorsque elle déplia les pans de son vêtement, seule une brassée de roses s’en échappa. Cet épisode connu sous le nom du « miracle des roses » eut lieu en plein mois de janvier et convainquit Giraud II de la bénédiction divine de sa fille.

En 1278, Roseline intégra la chartreuse de Bertaud puis le couvent de Saint André de Ramières pour y faire son noviciat et sa profession. Alors qu’un soir, elle était chargée de préparer le dîner, elle sentit le Seigneur près d’elle et s’entretint avec lui « dans le doux secret de son cœur » [3]. Ce furent alors des anges qui préparèrent et mirent en place la nourriture. Ce miracle, le « repas des Anges », fut immortalisé par Chagall en 1975 dans une mosaïque qui orne le mur d’entrée de la chapelle.

Roseline entra au monastère de la Celle-Roubaud, près des Arcs-sur-Argens en 1285. Elle en devint Prieure en 1300, continuant à répandre autour d’elle sa générosité. Elle était profondément aimée par son entourage et sa mort le 17 janvier 1329 fut vécue comme une tragédie. De nombreux pèlerins affluèrent à son chevet et « Des miracles se produisirent dans la cellule. Des malades furent délivrés de leurs maux, des paralytiques retrouvèrent la liberté de leurs mouvements, des aveugles recouvrèrent la vue. » [4]

Enseveli dans le cimetière du cloître, le corps de Roseline fut exhumé cinq années plus tard, une forte odeur de rose se dégageant de sa tombe. Miraculeusement, il apparut intact, les yeux de la défunte ayant même gardé tout leur éclat. Ceux-ci furent alors énucléés et placés dans un reliquaire exposé à la vénération des fidèles, tandis que le corps de la sainte reposait dans une châsse en bois.

La relique disparut ensuite pendant 280 années, peut être mise à l’abri dans un caveau ou un souterrain, pour la préserver durant des « temps troublés » [5]. Elle fut longtemps cachée et aurait pu être perdue si un aveugle ne l’avait finalement retrouvée : la sainte lui révéla sa position dans un rêve et lui redonna miraculeusement la vue. En 1614, le corps de sainte Roseline était à nouveau exposé, toujours prodigieusement intact.

En 1660, de passage dans la région et entendant parler de ce miracle, le roi Louis XIV envoya son médecin Antoine Vallot constater par lui-même le phénomène. Le Dr Vallot fasciné par les yeux de Roseline perça d’une aiguille le globe gauche. Le corps vitré s’échappa et la prunelle se ternit instantanément.

La dépouille de sainte Roseline subit de nombreuses translations (déplacements) au cours des siècles, notamment pour restaurer ou changer la châsse, vérifier l’état de conservation du corps ou prélever des reliques. Aujourd’hui, le reliquaire des yeux et la châsse où repose le corps sont toujours exposés aux fidèles et aux touristes, dans l’ancienne chapelle du monastère de la Celle-Roubaud, devenue Chapelle sainte Roseline. Le corps, qui commençait à se détériorer a finalement été embaumé en 1894 par un médecin italien.

Cette légende suscite évidemment de nombreuses questions : quelle part de l’histoire de Roseline de Villeneuve est vérifiable ? Quelle part tient du mythe ? Est-ce bien le corps de Roseline de Villeneuve qui est conservé dans cette chapelle ? S’est-il vraiment conservé « miraculeusement » ? Ses yeux avaient-ils un éclat particulier ?
Le pape Benoît XIV l’a dit lui-même : « Aux yeux de l’Église, les vies des saints n’ont aucun lien avec les fondements de la foi ; elles relèvent simplement de l’Histoire. » Essayons donc d’y voir plus clair.


L’enquête historique


Une chronologie récapitulative, comparant la légende et l’Histoire, se trouve à la fin du dossier.

Biographie et hagiographie

Depuis le XVIIe siècle, plusieurs enquêtes historiques sur sainte Roseline ont été réalisées, essayant de vérifier la véracité des éléments de ses biographies.

À la fin du XVIIe siècle, le jésuite Daniel Papenbroeck, bollandiste [6], publia dans les Acta sanctorum [7] une première étude critique [8], analyse des deux « biographies » alors officielles de sainte Roseline : la copie de la Vita latine écrite en 1527 et retrouvée dans les archives de la chartreuse de la Verne et la Vie française datant du XVIIe siècle écrite par un franciscain anonyme et complétée, d’un recueil de miracles. Papenbroeck concluait alors au manque de fiabilité des documents du XVIIe siècle, auxquelles il n’accordait aucun crédit. Pourtant, son avis fut peu suivi, si bien que la légende et les miracles de sainte Roseline traversèrent les siècles comme des vérités historiques.

En 1988, les historiens Paulette Leclerc et Daniel Le Blévec [9], inquiets de constater qu’« à la fin du XXe siècle la fiction puisse avec autant d’aplomb ou d’inconscience se donner pour la vérité », épurèrent les hagiographies de Roseline en ne gardant que les éléments issus de sources sûres (registres d’époque, archives de l’ordre des Chartreux, etc.). Grâce à ces documents, nous savons que Roseline de Villeneuve est née aux Arcs, aux environs de 1270. Elle était bien l’une des sept enfants (mais pas l’aînée) de Giraud II de Villeneuve, seigneur des Arcs, et d’Aigline, dont l’origine familiale est en revanche incertaine. Roseline intégra pour son noviciat la Chartreuse de Saint André de Ramières puis pour sa profession, le monastère de Bertaud et enfin le monastère de la Celle-Roubaud mais les dates exactes de ses différents séjours dans ces établissements ne sont pas connues. Enfin, elle mourut le 17 janvier 1329 [10] à la Celle-Roubaud où elle fut enterrée.
Ces données sont les seules informations historiques sûres de la vie de Roseline de Villeneuve. Le reste est pour les historiens du domaine de la légende ou de l’hypothèse. C’est le cas par exemple de toutes les dates décrivant sa carrière religieuse : elles proviennent d’une reconstitution plausible mais invérifiable car malheureusement aucun document parvenu jusqu’à nous n’en fait état. En revanche, d’autres allégations sont manifestement fausses. Les miracles qui se seraient produits au chevet ou sur la tombe de Roseline, rapportés dans l’hagiographie du XVIIe siècle, sont incompatibles avec les règles de vie traditionnelles des moniales cartusiennes qui étaient recluses et ne recevaient donc pas de visite. Aucun pèlerin n’avait alors le droit de pénétrer dans le monastère ; une dérogation à cette règle aurait été un fait unique : il n’a jamais été rapporté dans les annales cartusiennes.

Nous savons finalement bien peu de choses sur la vie de Roseline de Villeneuve. Mais si l’Histoire reste muette sur bien des points, la légende s’est chargée de suppléer à ces silences.

L’odeur de sainteté et l’incorruptibilité physique

Que penser du « parfum de rose » émanant de la sépulture de Roseline, qui serait à l’origine de l’exhumation de son corps en 1334 ? Cette « odeur de sainteté » [11] est un lieu commun hagiographique que l’on trouve associé à la vie des saints renommés pour leur charité, à partir du XVIIe siècle, époque de laquelle date l’hagiographie de Roseline qui rapporte – dans son cas – ce phénomène pour la première fois. L’odeur agréable qui se dégage du défunt comme son incorruptibilité physique étaient alors considérées comme des miracles authentifiant le statut de saint.

Pourtant, il est étonnant de constater qu’avant le XVIe siècle, aucune biographie de la sainte n’a été écrite et aucun miracle n’a été signalé. Ses miracles sont en effet relatés pour la première fois dans le recueil datant du XVIIe siècle, soit trois siècles après son décès, et furent ensuite repris dans toutes les hagiographies suivantes [12] : l’odeur de rose entourant sa mère enceinte, la transformation des pains en roses, l’odeur de sainteté, etc. Le thème de la « rose » y est récurrent et a probablement été inspiré par le prénom de la sainte.
Il est tout aussi surprenant de constater que l’« exaltation » ou « élévation » du corps de Roseline (c’est-à-dire son exhumation), événement remarquable, n’a laissé aucune trace dans les archives des Chartreux. Les biographies traditionnelles [13] la situent en 1334 ou 1335 mais ces dates se heurtent à des invraisemblances historiques [14]. Le premier document mentionnant la relique est en fait un procès-verbal de vérification du corps datant de 1614. Un corps a donc bien été « élevé » mais à une date et dans des circonstances inconnues ; il est attribué à Roseline de Villeneuve en 1619. Que peut-on alors dire de son incorruptibilité ?

On entend généralement par « incorruptibilité » physique l’absence de rigidité cadavérique, l’absence de putréfaction, voire la persistance de certains signes de vie (chaleur du corps, vitalité du regard, humidité des organes, etc.). Ces caractéristiques observées lors de l’exhumation de la dépouille peuvent persister dans le temps. Elles sont considérées comme des signes de sainteté : le corps des saints étant censés échapper aux lois de la nature, il ne se corromprait pas. Cependant, nous verrons plus loin que ces cas de ralentissement de la décomposition des tissus humains ou de « momification » ne sont ni exceptionnels, ni nécessairement d’origine divine.

Malgré l’absence de documents sur l’élévation du corps attribué à sainte Roseline, il n’est pas insensé d’admettre que le corps exhumé ait été trouvé dans un très bon état de conservation, comme en témoignent les premiers procès-verbaux de vérification et de translation datant de 1614 et 1619. Cependant, nous savons également d’après ceux-ci que la relique conservée dans une châsse vitrée, présentait en 1614 des signes de décomposition autour de la bouche. En 1644, le prieur de la chartreuse de Montrieux indique que la tête est séparée du corps et que le corps visible hors du linceul est recouvert de « chair desséchée ». Les mouvements semblent encore possibles au moins jusqu’en 1835 où le procès-verbal de translation précise que : « Lorsque la relique fut mise à découvert, la merveille de conservation du saint corps parue dans tout son éclat. Non seulement les articulations montrèrent encore de la flexibilité, mais encore les parties charnues parurent encore douées d’élasticité. » En 1881, le corps ne présente pas de trace de corruption mais a subi des dégradations par des insectes qui ont pénétré la châsse dont l’étanchéité n’était plus assurée. En 1894, il est ravagé par les insectes et une intervention rapide est nécessaire. Le diagnostic est confié au Dr Pietro Neri qui fait un état des lieux désastreux. Il conclut que les dommages « n’auraient pas été si grand si le corps n’avait pas été transporté dans une atmosphère pareille où, en raison de puissantes causes, il n’aurait jamais pu à la longue conserver son intégrité. ». À la fin du XIXe siècle, le corps a donc dû être, non pas « embaumé » [15] comme le mentionne aujourd’hui le livret de la chapelle, mais bien « restauré » comme le montrent les photos ci-dessous prises par le Dr Neri.

Corps de sainte Roseline en 1894, avant l’intervention de restauration du Dr Neri. Photographies extraites de Boyer et Grévin (2002).

Finalement, si lors de son exhumation, le corps attribué à Roseline a pu apparaître miraculeusement non corrompu, on sait qu’il a par la suite bénéficié de conditions de conservation prolongeant cette apparente « incorruptibilité » : étanchéité de la châsse, protection contre l’humidité, produits antiseptiques et finalement restauration. Ces artifices ont ralenti les processus de dégradation du corps sans véritablement les arrêter. La conservation n’avait alors plus véritablement de caractère miraculeux, même si les fidèles étaient – et sont toujours – incités à le croire [16].

La tradition des reliques

Le corps attribué à sainte Roseline n’a pas échappé à la tradition des reliques. Promoteurs du son culte, les chartreux dès le XVIIe siècle effectuent sur son corps de nombreux prélèvements. Le culte de la sainte ne reçut pourtant l’approbation romaine, comme culte diocésain, qu’en 1851 [17] mais en 1835, l’évêque de Fréjus et Toulon décidait que « tous les couvents de chartreux doivent posséder des reliques de sainte Roseline » [18]. La fragmentation a résulté essentiellement de la dégradation du corps due à l’intrusion d’insectes dans la châsse. Fragments de peau, de cerveau, de téguments et d’os sont ainsi aujourd’hui éparpillés à travers le monde dans les monastères cartusiens [19].
L’éclat, disait-on, « vivant » du regard de sainte Roseline laisse penser que le corps a été retrouvé les yeux ouverts. Si ceux-ci ne sont pas fermés au moment du décès, ils semblent effectivement qu’ils puissent rester ouverts si la mort est brutale, le défunt est âgé ou souffre d’une atrophie et sécheresse de la conjonctive et de la cornée [20]. Prélevés à un moment indéterminé, les yeux ont été conservés dans un reliquaire, comme une relique distincte, à proximité du corps, dans la chapelle où ils se trouvent encore. Le reliquaire actuel contient une boîte en argent scellée datant du XVIIe siècle dont la face avant forme un masque percé de deux ouvertures laissant apparaître les yeux.. L’œil gauche, qui serait celui que le Docteur Vallot aurait percé en 1660, se présente sous une forme grisâtre amorphe et desséchée. L’œil droit, dont l’éclat serait encore « vif », semble avoir conservé sa forme mais l’iris est indissociable de la pupille, comme on peut le voir sur les photos ci-dessous.

Yeux de Sainte Roseline conservés dans leur reliquaire.

Une observation attentive révèle également la présence d’une coque qui maintient l’œil dans sa forme ovoïde. Un examen ophtalmologique [21] plus poussé montre également une décomposition des éléments oculaires due à une dessiccation.

Malgré l’importance de l’événement, étrangement, aucun document d’époque ne relate l’intervention du Docteur Vallot. Je n’ai donc pas trouvé de réponse aux questions concernant le « mystère » des yeux de sainte Roseline, si « mystère » il y a ou il y a eu. La conservation dans de telles conditions (coque, boîte scellée) et l’aspect actuel de ce globe oculaire ne présentent, en tout cas aujourd’hui, plus rien d’extraordinaire.

Un culte fabriqué ?

L’histoire de la relique de sainte Roseline reste indissociable de l’histoire du monastère de la Celle-Roubaud et de la famille des Villeneuve et doit donc être replacée dans son contexte religieux et politique.

Nous savons que Roseline est morte en 1329 et qu’elle fut très probablement enterrée dans le cimetière du monastère de la Celle-Roubaud, à même la terre, dans une tombe anonyme [22]. La légende fait remonter son élévation à 1334 mais le corps, perdu ou caché, disparaît ensuite pendant 280 années pour réapparaître finalement en 1614. Mais cette version de l’histoire de la relique ne résiste pas à une analyse historique critique.

En effet, étrangement, la première biographie de la sainte date du XVIe siècle, soit deux siècles après la mort de Roseline, et ne rapporte ni les miracles, ni la disparition du corps qui n’est pas non plus mentionnée dans les archives de l’ordre. De plus, en 1541, Claude de Villeneuve, seigneur des Arcs, offrit au monastère de la Celle-Roubaud un retable [23] en bois sculpté et doré représentant la scène de la Nativité. Roseline n’y figure pas. Pourtant, en 1635, un siècle plus tard, la sainte est représentée sous la forme d’une statue, en habit de moniale cartusienne, sur un autre grand retable, offert par Charles de Villeneuve. Que s’est-il passé entre ces deux iconographies ?

Dans le retable de 1541 (à gauche), Roseline n’apparaît pas, alors que dans celui de 1635 (à droite), la sainte est représentée en habit de moniale, sur la droite.

La date de 1334 est une date importante dans l’histoire du monastère de la Celle-Roubaud : elle marque le début d’un relâchement de la discipline monastique qui contraint l’ordre des chartreux à prendre des mesures sévères, avant finalement le retranchement de l’ordre en 1420-21. Plusieurs ordres religieux se succédèrent alors à la Celle-Roubaud jusqu’à l’installation en 1504, de franciscains de la stricte observance. Le monastère placé jusque là sous le vocable Notre-Dame, devient alors le monastère de Sainte-Catherine d’Alexandrie. La chapelle ne prendra le nom de sainte Roseline qu’au XIXe siècle.

Alors qu’ils s’étaient désintéressés du monastère depuis plus d’un siècle, les Villeneuve acceptèrent au cours des XVIe et XVIIe siècle de financer d’importants travaux d’agrandissement de l’église, offrirent du mobilier et plusieurs membres de leur famille décidèrent de se faire enterrer à la Celle-Roubaud. Le monastère retrouva donc peu à peu son lustre en même temps que le lignage de la famille Villeneuve était encensé par l’écriture de la Vita (1527) puis de la Vie (XVIIe) et la reconnaissance de la relique de Sainte Roseline (1619). La légende de l’aveugle retrouvant son corps date d’ailleurs son élévation de l’extrême fin du XVe siècle ou du début du XVIe siècle, c’est-à-dire au moment de l’installation des franciscains à la Celle-Roubaud (1504).

Il est donc finalement peu probable que le corps attribué à Sainte Roseline ait été élevé en 1334 sans que cet événement ne laisse de traces – contrairement au déclin du monastère – dans les archives ou n’influence le comportement des moniales. Selon toute vraisemblance, un corps a été exhumé avant 1614, mais les circonstances, le lieu et la date de cette élévation restent inconnus. A-t-on recherché le corps de Roseline ? A-t-on retrouvé par hasard, à l’occasion de travaux, un corps bien conservé et l’a-t-on attribué à Roseline ? Dans tous les cas, cette découverte, fortuite ou intentionnelle, pourrait se situer dans le contexte du développement du couvent observantin, plus probablement qu’au moment du déclin de l’ancienne chartreuse. Comme Paulette Leclercq et Daniel Le Blévec l’avouent : « On en peut s’empêcher de penser que cette disparition du corps de Roseline a été inventée longtemps après pour expliquer l’indifférence des Villeneuve eux-mêmes. » [24]

Ces éléments historiques amènent donc d’autres questions. Si le corps de Roseline a été exhumé plusieurs siècles après sa mort, comment a-t-il été identifié puisque les tombes des moniales étaient anonymes ? Finalement, les reliques « miraculeuses » exposées à la vénération des fidèles sont-elles bien celles de Roseline de Villeneuve ?


L’enquête scientifique


En 1995, le corps attribué à sainte Roseline dut subir une intervention de conservation, des signes de putréfaction commençant à apparaître sur les mains et les pieds. Les autorités religieuses acceptèrent alors que des analyses scientifiques soient réalisées sur la relique par une équipe pluridisciplinaire de chercheurs. Le corps de sainte Roseline fut confié au Laboratoire d’anthropologie physique de Draguignan, et l’étude coordonnée par Gilles Grévin.

La châsse de sainte Roseline fut ouverte le 23 octobre 1995. Le corps fut transporté avec précaution à Draguignan où il subit une série d’examens. L’objectif était d’identifier la nature des traces blanchâtres suspectes repérées sur les mains et les pieds et d’en savoir davantage sur les techniques dites d’« embaumement » mises en œuvre par le Docteur Neri en 1894.

Description de la relique

Depuis 1894, le corps embaumé était revêtu de l’habit monastique des cartusiennes, reposant sur le dos dans une position allongée, bras replié sur le torse et mains jointes. L’aspect général apparaît aux scientifiques comme celui d’« un corps qui se serait desséché naturellement » [25], même si la couleur n’est pas uniforme : noirâtre, brun foncé à clair.
En 1894, le Dr Neri avait découvert un squelette ravagé par les insectes et sur lequel il ne restait que très peu de tissus organiques. Les scientifiques comprirent rapidement que son embaumement avait constitué en une recomposition complète de la relique par un modelage en cire d’abeille, donnant l’apparence d’un corps momifié. Les taches blanchâtres repérées sur les mains étaient en réalité dues à une altération du « vernis balsamique et antiseptique » dont le Dr Neri avait recouvert le corps. Les pieds, les mains, le visage de la sainte des lèvres au nez, paupières et oreilles, toutes les parties visibles sont donc depuis la fin du XIXe siècle des sculptures de cire colorée en brun foncé.

Pieds et mains de sainte Roseline reconstitués avec de la cire d’abeille teintée en 1894 par le Dr Neri.

Identification du corps

Une étude paléogénétique a pu être menée sur les restes attribués à sainte Roseline. Cinq échantillons furent prélevés sur différentes reliques : un fragment d’occiput, un morceau de tissu organique adhérant à un calcul rénal, un échantillon de poudre du cerveau, un fragment de plèvre, un morceau de chair. Le séquençage de l’ADN mitochondrial mit en évidence la présence d’ADN humain dans ces échantillons. Les chercheurs pouvaient donc en conclure que ces reliques sont bien d’origine humaine. Mais des différences dans les séquences de nucléotides ont pu être observées. Selon les scientifiques, elles ne permettent pas d’affirmer que ces prélèvements proviennent bien du même individu, mais elles ne prouvent pas non plus le contraire…

Les chercheurs ont également réalisé un examen anthropométrique qui a révélé que le squelette est celui d’un sujet adulte probablement féminin. La découverte de calculs rénaux de type fréquent chez la femme a conforté cette hypothèse. L’examen de la dentition a permis de situer l’âge du décès entre 50 et 60 ans (± 10%).

La datation au radiocarbone couramment utilisée en archéologie dans ce type de cas a été rendue impossible par la restauration de 1894 qui a entièrement pollué la relique. Devant le risque d’erreur et ses implications, les chercheurs ont préféré se passer de ce test de datation. Malheureusement, sans cette information, il est difficile de rejeter catégoriquement l’hypothèse qu’il s’agit bien du corps de Roseline de Villeneuve [26]. Les éléments apportés par les autres examens nous indiquent que le corps conservé est très vraisemblablement celui d’une femme, morte autour de 60 ans, comme Roseline de Villeneuve, mais probablement aussi bien d’autres moniales.

La conservation « miraculeuse » du corps

Les nombreux procès verbaux de vérification ou de translation font état d’une dégradation progressive de la relique et de conditions de conservation favorisant un ralentissement du processus (étanchéité de la châsse, niche à l’abri de l’humidité, etc.). Nous savons également qu’en 1894, le Dr Neri a reconstitué le corps avec de la cire d’abeille. De plus, l’examen radiologique a révélé la mise en place d’une structure métallique de maintien se substituant aux parties manquantes ou abîmées du squelette (orteils, doigts, côtes, etc.). Cette structure métallique a fait partie des techniques de restauration du corps utilisées par le Dr Neri en 1894 [27].
Si ce corps s’est conservé miraculeusement, ce n’est donc pas après son élévation mais bien entre son inhumation et son exhumation, c’est-à-dire lors de son séjour en terre.


Les radiographies du corps de sainte Roseline révèlent la structure métallique insérée par le Dr Neri en 1894 lors de la restauration de la relique.

Conformément à la tradition des chartreux, Roseline a dû être enterrée dans le cimetière du monastère de la Celle-Roubaud, revêtue de l’habit monastique, dans une simple fosse et sans cercueil, une croix sans inscription marquant l’emplacement de sa tombe. Aujourd’hui, il ne reste plus de traces de ce cimetière et la position de la tombe de Roseline nous est inconnue. Il aurait pourtant permis d’en savoir plus sur l’hypothèse d’une conservation naturelle.
En effet, plusieurs processus naturels de conservation des tissus mous de cadavres sont bien connus et de nombreux cas de momification naturelle sont depuis longtemps répertoriés par les historiens, les médecins et autres scientifiques. Cette conservation surprenante peut être due à divers facteurs :

  • Le froid intense

Équivalente à une congélation, elle se produit dans des zones où la température est très inférieure à 0°C. À -40°C, la conservation peut être de très longue durée. Ce fut le cas par exemple pour les mammouths laineux de Sibérie ou pour Ötzi, l’« homme des glaces », qui vécut vers 3350-3300 avant l’Ère chrétienne.

  • La dessiccation

Dans les zones au climat chaud (supérieur à 40°C) et sec (humidité proche de zéro) ou dans certains milieux clos (caveaux), l’eau organique peut disparaître rapidement en inhibant la putréfaction microbienne.

  • L’action des sels minéraux

En desséchant les tissus, les sels minéraux présents dans les mines de sel, les grottes contenant du salpêtre, etc. favorisent la conservation des cadavres. Les corps de certaines personnes empoisonnées à l’arsenic, comme Charles Francis Hallen 1871, ont également mis plus de temps à se décomposer.

  • L’action de l’acide tannique

Dans les tourbières de l’Europe septentrionale en particulier, milieu aqueux et anaérobie, de nombreux corps aux squelettes déminéralises mais à la peau « tannée » ont été retrouvés. Ce fut le cas de l’homme de Tollund qui vécut au IVe siècle avant l’Ère Chrétienne et dont le corps fut retrouvé au Danemark en 1960.

Dans le cas de sainte Roseline, ce ne sont pas ces phénomènes qui permettent d’expliquer la conservation du corps.

En 1788, en étudiant des cadavres exhumés du cimetière des Innocents à Paris, les chimistes Fourcroy et Thouret observent un ralentissement de leur décomposition dû à la formation d’une substance « grasse » qu’ils nomment « adipocire ». Sa localisation sous-cutanée préserve l’apparence des corps. Ses conditions de formation (humidité, teneur en oxygène, nature du sol, pH, température, etc.) sont encore mal connues, son processus chimique précis également (hydrogénation, migration des graisses ou saponification). Il semble pourtant que la formation d’adipocire prenne environ trois à six mois mais que la transformation complète du corps puisse durer plusieurs années. Le phénomène atteindrait de plus majoritairement les femmes. Les différentes descriptions du corps de Roseline données dans les procès-verbaux successifs concordent assez bien avec ce phénomène et rendent l’hypothèse d’une conservation par formation d’adipocire très vraisemblable : absence de corruption, flexibilité des membres, aspect brunâtre, dessiccation de certaines parties du corps.

Malheureusement, sans connaître la localisation de la tombe (nature du sol, profondeur), les conditions d’inhumation (traitements du cadavre, vêtements, etc.), la date d’exhumation du corps et la description de son état, il serait bien hasardeux d’exprimer des certitudes.


Conclusion


 

Enquêter sur sainte Roseline n’a pas fait disparaître mon émerveillement d’enfant. J’en sais aujourd’hui plus sur cette femme et la relique qu’on lui attribue que ce que m’en avait faussement rapporté sa légende. Évidemment, beaucoup de questions demeurent car avec des événements aussi anciens, il est difficile d’avoir des certitudes. Le « curseur vraisemblance », outil de la méthodologie zététique, prend dans ce type de cas tout son sens : il permet d’évaluer sur une échelle de crédibilité les différentes réponses à nos questions : Le corps conservé dans la chapelle des Arcs sur Argens est-il celui de Roseline de Villeneuve ? Sa conservation est-elle miraculeuse ?

À la lumière des éléments historiques et scientifiques qui viennent d’être exposés, il me semble peu vraisemblable que le corps conservé aux Arcs soit véritablement celui de Roseline de Villeneuve. Les traditions d’inhumation des moniales, le contexte historique à l’émergence du culte de sainte Roseline, les traces tardives dans les archives laissent plutôt penser que Roseline de Villeneuve a été élevée au rang de sainte pour des raisons avant tout politiques. Cependant, un corps, et très probablement celui d’une femme, a bien été exhumé et lui a été attribué. Son état de conservation a pu surprendre à l’époque (entre le XIVe et le XVIIe siècle) mais nous savons aujourd’hui que ce phénomène pourrait s’expliquer par des processus naturels. Après la restauration qu’il a subi en 1894, sa conservation n’a de toute façon aujourd’hui plus rien d’exceptionnel. Quant à l’éclat « vivant » des yeux, aucun document ne permet d’infirmer qu’il ne s’agit pas d’une exagération hagiographique de plus.

Géraldine Fabre


Chronologie


 

 

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Plaquette de la Chapelle sainte Roseline


 

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Notes et références



Notes :

[1] Voir le site du village des Arcs sur Argens

[2] H. de Villeneuve-Flayosc (1867), Histoire de Sainte Roseline de Villeneuve, Paul Guérin (1876), Les petits Bollandistes : vies des saints, Tome 6, p 571-581. disponible sur Gallica ou encore le site du village des Arcs.

[3], [4], [5] Extrait du livret de la chapelle. La source originale n’est pas donnée.

[6] Créée par Jean Bolland, la Société des Bollandistes regroupe des savants, exclusivement jésuites jusqu’en 2000, chargés d’étudier les vies, et plus généralement le culte, des saints chrétiens. Les Acta Sanctorum (Actes des Saints) forment une collection de plusieurs dizaines de volumes synthétisant les enquêtes et analyses critiques relatives à la vie des saints de l’Église, réalisées par les bollandistes.

[7] Acta sanctorum, (1698) junii Tome 2 (7-15 Iunii), p. 489-503. Disponible en ligne sur Gallica.

[8] Le même souci d’exactitude animait Pierre Joseph de Haitze lorsqu’en 1720, il publia Histoire de sainte Rossoline. Sa préface commence par : « J’avoue de bonne foi que je ne sais pas comment je me suis engagé à écrire la vie de la bienheureuse Rossoline de Villeneuve, y ayant si peu de monuments par écrit sur ce sujet, et encore, ce qui est de très rebutant, revêtus de fictions qui les rendent non seulement suspects, mais de plus très méprisables. »

[9] Paulette Leclerc, Daniel Le Blévec (1988). Une sainte cartusienne : Roseline de Villeneuve. Cahiers de Fanjeaux, La femme dans la vie religieuse du Languedoc (XIIIe-XIVe), n°23, p. 55 : « Les documents sûrs qui concernent la sainte sont si peu nombreux qu’on ne peut manquer d’être inquiet qu’à la fin du XXe siècle la fiction puisse avec autant d’aplomb ou d’inconscience se donner pour la vérité et que l’admirable travail critique des Bollandistes ait été si peu suivi. » (p. 55-56)

[10] Son nom figure à cette date dans l’obituaire de Bertaud, conservé à la bibliothèque municipale de Grenoble, Ms 324, fol. 97-103.

[11] Bien que l’expression ne soit plus utilisée aujourd’hui qu’au sens figuré, elle a pour origine un sens propre. C’est la réputation qui fait le saint et l’odeur émanant de sa dépouille comme l’incorruptibilité physique du corps permettent de le reconnaître, comme le décrit Jean-Michel Sallmann dans « Qu’est-ce qu’un saint ? ».

[12] Celles de H. de Villeneuve Flayosc (1867), de Paul Guérin (1876), de Sabatier (1929) et bien sûr le livret et la plaquette de la Chapelle des Arcs.

[13] Celles mentionnées à la note précédente.

[14] Le monastère de la Celle-Roubaud traversait à cette époque une période trouble. Il est difficile d’imaginer que l’élévation ait eu lieu dans ces conditions ou qu’il n’ait pas eu un impact sur la vie des moniales. Nous en reparlons plus loin.

[15] L’embaumement désigne les techniques mises en œuvre dans le but de conserver le corps d’un défunt dans son état naturel, en ralentissant les processus de décomposition des tissus.

[16] À ce sujet, dans la préface du livre de Grévin et Boyer (2002), Victor Saxer, président de l’Académie pontificale d’archéologie de Rome, recteur émérite de l’Institut pontifical d’archéologie chrétienne et président émérite du Comité pontifical des sciences historiques, écrit : « Nombre de corps saints subsistent dans nos églises et celles d’Italie semblablement « conservés ». La mode s’en est continuée jusqu’à nos jours mais elle est un trompe-l’œil qui flatte la piété mal éclairée des fidèles. ». Alors pourquoi continuer à exposer ces reliques ?

[17] Victor Saxer, (1992). p. 448. Cette approbation correspond à la béatification (et non à la canonisation) de Roseline par le pape Pie IX. Ce culte diocésain accordé au diocèse de Fréjus fut officiellement étendu à l’ordre des Chartreux le 17 septembre 1857.

[18] Lettre du 22 mars 1866 adressée au curé des Arcs par le chanoine Descosse, ancien secrétaire général de l’évêché de Fréjus et Toulon, citée par H. de Villeneuve-Flayosc (1867).

[19] Le monastère de la Grande Chartreuse, à Saint-Pierre-de-Chartreuse, conserve ainsi un petit fragment de métatarsien, un morceau de tissu osseux, un grand fragment de plèvre et un peu de matière cérébrale desséchée.

[20] Raymond Boyer et Gilles Grévin, (2002). Après le décès, les yeux peuvent également reprendre de la fermeté.

[21] Réalisé par les docteurs Pierre Girard et Marc Lavador. Voir Raymond Boyer et Gilles Grévin (2002).

[22] Telle était en effet la règle, rapportée par Papenbroeck (1698) dans les Acta Sanctorum.

[23] Dans une église, construction verticale portant un décor peint ou sculpté, placé sur un autel ou en retrait de celui-ci.

[24] Leclerc et Le Blévec (1988). Cahiers de Fanjeaux p. 71

[25] Boyer et Grévin (2002).

[26] Même si la datation avait daté le corps du XIVe siècle, elle n’aurait pour autant pas permis d’attribuer à coup sûr cette relique à Roseline de Villeneuve. En revanche, si elle avait révélé que le corps date en réalité du XVIIe siècle, on aurait pu en déduire qu’il ne s’agissait pas de Roseline de Villeneuve.

[27] En 1995, l’équipe de Gilles Grévin n’a réalisé que des opérations de restauration minimes sur la dépouille : élimination des taches blanchâtres dues à la décomposition du vernis appliqué par le Dr Neri, comblement des trous de sondage des prélèvements.

Webographie :

Bibliographie

– Raymond Boyer et Gilles Grévin, (2002). Une sainte provençale du XIVe siècle Roseline de Villeneuve : Enquête sur sa « momie ». Éditions De SBoccard.
– Paulette Leclerc, Daniel Le Blévec (1988). Une sainte cartusienne : Roseline de Villeneuve. Cahiers de Fanjeaux, La femme dans la vie religieuse du Languedoc (XIIIe-XIVe), n°23, p. 55-76.
– Victor Saxer, (1992). Saints diocésains de Fréjus dans les livres lithurgiques du XIe au XVIIe siècle, Provence historique, vol. 42, no 167-168, p. 441-456.

Biographies critiques de sainte Roseline :
– Pierre.-Joseph de Haitze, (1720). Histoire de sainte Rossoline de Villeneuve de l’ordre des Chartreux contenant celle de son culte, Aix en Provence.
– Daniel Papenbroeck (1698). De S. Rosselina Virgine, priorissa ordinis carthusiani, prope arcus in provincia, in : Acta Sanctorum, junii, Tome 2 (7-15 Iunii), p. 489-503. Disponible en ligne et en latin sur Gallica.

Hagiographies de sainte Roseline :
– H. de Villeneuve-Flayosc, (1867). Histoire de Sainte Roseline de Villeneuve, Paris.
– Paul Guérin (1876), Les petits Bollandistes : vies des saints, Tome 6, p 571-581. Disponible en ligne sur Gallica.
– Pierre Sabatier (1974), Sainte Roseline, moniale chartreuse (1263-1329), Marseille.

 

Sainte Roseline de Villeneuve : une légende fabriquée ?