Qu’est ce que la zététique ?

La Zététique se présente comme une méthode de recherche fondée sur le doute et la vérification des informations ; Emile Littré en donne une définition claire : « méthode dont on se sert pour pénétrer la raison des choses ».

Enseignée dès l’Antiquité, elle est une attitude scientifique, fondée sur le refus de toute affirmation dogmatique, et qui emprunte aux Anciens Grecs leur posture « sceptique » : dans la ligne droite du mot skepticos (« qui considère », « qui examine ») la Zététique préfère suspendre son jugement à l’endroit où la connaissance fait défaut et se donner les moyens d’en savoir plus que de croire n’importe quoi.Aujourd’hui, les Zététiciens mettent en place des approches rigoureuses et scientifiques des phénomènes paranormaux, pour y voir un peu plus clair.

Qu’est ce que le scepticisme ?
1 – Différentes acceptions du terme

Parmi les différents acteurs de la « scène paranormale », un certain nombre se qualifient de sceptiques. Il convient de préciser les différentes acceptions du terme et l’acception dans laquelle les zététiciens et particulièrement l’observatoire zététique se reconnaissent.

Le terme scepticisme est régulièrement employé dans la vie de tous les jours : face à une affirmation déclarer « être sceptique » signifie souvent « ne pas y croire » et « ne pas vouloir en savoir plus à son sujet ». Cette acception est sensiblement éloignée de la racine grecque Skepticos qui signifie « qui considère » « qui examine ». En philosophie, le scepticisme vient du constat simple que l’homme se trompe parfois dans sa façon d’apprécier le réel. De ce constat anodin, peuvent découler plusieurs attitudes.

Une position extrême : L’homme n’a pas la capacité d’acquérir une connaissance objective de son environnement. Les partisans de ce scepticisme radical élaborent des théories mais les considèrent comme indiscernables entre elles quant à leur véracité.

Une position neutre : Cette position part de la même posture que les sceptiques radicaux mais se dispense de produire des théories. Ils ne nient et n’affirment jamais rien.

Si l’on peut aisément comprendre que l’échec dans les premières tentatives d’explications de notre environnement ait pu conduire à ce type de postures, elles semblent difficilement défendables aujourd’hui et conduisent nécessairement à une impasse dans la vie de tous les jours.

Un scepticisme positif : La majorité des mouvements sceptiques contemporains sont en fait en parfaite opposition avec les deux postures décrites précédemment et sont des fervents défenseurs de la connaissance objective. Le scepticisme dont ils se réclament postule qu’il est possible d’acquérir une vision sûre de notre environnement. En ce sens, il se confond presque avec la démarche scientifique. En fait, il est présent à chacune de ces étapes (Observation, Hypothèse et Théorie, Vérification).

2 – Le paranormal, le sceptique, le scientifique

Il convient d’abord de rappeler que l’extraordinaire n’est pas étranger à la science. Chaque nouvelle découverte, en remettant en cause une partie des connaissances établies, revêt un caractère extraordinaire. L’observation d’un fait nouveau provoque parfois un grand étonnement. Le scientifique va alors utiliser ses connaissances pour trouver une explication au phénomène observé et va sans doute devoir émettre de nouvelle théorie et hypothèse. Il devra faire preuve d’esprit critique pour s’assurer de la validité de ses hypothèses qui une fois passées au crible de son scepticisme rejoindrons peut être le corpus des connaissances scientifiques.

Le paranormal revêt un statut particulier dans le domaine de l’extraordinaire, la plupart de ces récits sont si extraordinaires qu’il semble remettre en cause la majorité de nos connaissances sur la nature.

Le philosophe sceptique écossais David Hume préconisait cette attitude lorsque l’on nous rapporte le récit de miracle : un miracle peut être considéré comme une violation des lois naturelles, la confiance dans la validité de ces lois est basée exclusivement sur notre expérience et par conséquent est faillible. Mais par expérience je sais aussi que des gens peuvent se tromper ou me tromper. Je dois donc examiner la probabilité qu’ont de se produire deux événements, d’une part la suspension momentanée des lois naturelles, d’autre part quelqu’un dans la chaîne de témoignage se trompe ou me trompe. L’argument de Hume va bien au delà d’un simple argument pour rejeter les miracles et ne peut pas nécessairement s’appliquer directement à tous les phénomènes paranormaux. Il nous indique cependant qu’il est impossible de juger de la véracité d’un phénomène par la foi d’un unique témoignage et incite à poser la question suivante à toute personne rapportant l’existence d’un phénomène : quelles raisons me donnez vous de croire que ce que vous me rapportez est vrai plutôt que vous vous trompiez ou cherchiez à me tromper.

Mais le paranormal fait souvent référence à des phénomènes directement vécus, beaucoup de personnes affirment être fréquemment le témoin direct de ces phénomènes, d’autres revendiquent en être à l’origine. Le scientifique et le partisan d’un scepticisme positif ne peuvent se permettre de balayer d’un simple revers de main de telles affirmations. Au contraire, ils doivent « considérer, examiner ». La spécificité du domaine paranormal nécessite la mise en place de techniques spécifiques. Effectuer un travail d’enquête sur les phénomènes paranormaux, placer la méthodologie scientifique au cœur de ces investigations voilà la tâche à laquelle la zététique s’attelle.

 

Nicolas Vivant
Zététique et scepticisme