Cet article est paru dans notre newsletter n°60 en août 2010.

 

Le 14 juillet 2010, Florent Martin, Franck Villard et moi nous sommes rendus près d’Aix-en-Provence pour réaliser avec Monsieur C. une expérience de radiesthésie. Monsieur C. avait pris contact avec l’OZ quelques jours auparavant afin que nous testions ensemble sa capacité à trouver de l’eau avec des baguettes de sourcier. Parallèlement, nous avions été contactés par une journaliste de TF1 désirant filmer une de nos expériences. En accord avec Monsieur C., il a donc été convenu que l’équipe de télévision pourrait filmer l’expérience. Denis Caroti, membre de l’Association Marseille Zététique, nous a rejoint sur place.

Pratiquant depuis quelques années cette activité de sourcellerie en amateur, Monsieur C. se disait  capable de détecter la présence d’eau stagnante dans des « veines » souterraines. Habitué à utiliser des baguettes métalliques qu’il a adaptées à sa pratique (poignées spéciales, rallonges en bois, etc.), il avait selon lui à de nombreuses reprises observé que celles-ci semblaient s’aligner dans le sens de ce qu’il identifiait comme une veine d’eau, lorsqu’il passait au-dessus.

Avant de mettre en place avec lui un protocole expérimental rigoureux (avec une randomisation, un double aveugle et une analyse statistique pour traiter les résultats), nous lui avions au préalable expliqué par téléphone comment se tester d’abord en simple aveugle. Dans notre démarche, nous incitons systématiquement les personnes qui nous contactent pour une expérience, à s’auto-tester de manière simple. Ces auto-tests nous semblent être une étape pédagogique importante pour le sujet qui la plupart du temps ne connaît pas les principes peu intuitifs d’une expérience scientifique. En connaissance de cause, le sujet peut ensuite décider de réaliser une expérience avec nous.

 

À gauche, Florent Martin et Monsieur C interviewés par l’équipe de tournage de TF1. À droite, Monsieur C. vérifie, lors du test en blanc, que les conditions expérimentales ne perturbent pas sa perception.

Sûr de ses baguettes qui disait-il « ne lui mentent jamais », Monsieur C. nous assurait avec un large sourire d’un taux de réussite de 100%. Nous avons malgré tout essayé de le ramener à plus de modération, lui expliquant que nous ne lui en demandions pas autant et qu’il ne faudrait pas qu’il soit déçu s’il n’atteignait pas cet objectif.

Le dispositif expérimental a été longuement discuté avec Monsieur C. afin de rester au plus proche de sa pratique habituelle et maximiser ainsi les chances de voir le phénomène se produire dans des conditions contrôlées. Pour cela, nous avons construit quatre estrades en bois, de 80 cm de côté, numérotées de 1 à 4. Les estrades ont été juxtaposées à un endroit choisi par Monsieur C., hors de toute zone pouvant perturber sa perception. Sous chacune d’entre elles, un tube en PVC opaque et rigide de 2 m de long était placé. Dans l’un des tubes, était glissé un tuyau de 1,80 m environ, rempli d’eau.

Afin de valider ces conditions expérimentales, nous avons réalisé plusieurs tests en blanc. : tout en connaissant le numéro de l’estrade sous lequel le tuyau d’eau était placé, Monsieur C. devait nous dire s’il le détectait bien. Ses baguettes s’ouvraient à chaque fois de manière très nette au dessus de l’estrade choisie.

Tous très impatients de commencer l’expérience, nous nous sommes répartis en quatre équipes. Avec Monsieur P. un ami de Monsieur C., j’ai procédé à un tirage aléatoire avec un dé à quatre faces de façon à définir la séquence des numéros des estrades sous lesquelles le tuyau d’eau serait successivement placé (phase de randomisation). Cette séquence a été notée sur deux feuilles placées dans des enveloppes scellées. Pour garantir le double aveugle, les quatre équipes n’ont ensuite plus eu de contact entre elles. Une enveloppe a été récupérée par l’équipe de préparation, composée de Monsieur L., un autre ami de Monsieur C., et Denis ; l’autre enveloppe scellée est restée scellée dans la poche de Monsieur C. durant toute la durée de l’expérience. Suivant scrupuleusement la série aléatoire, Monsieur L. et Denis plaçaient le tuyau sous l’estrade désignée puis quittaient le lieu de l’expérience. Communiquant avec Monsieur C. et Franck uniquement à l’aide d’un bip envoyé par un talkie-walkie, ils les prévenaient alors de la mise en place. Monsieur C. montait ensuite sur les estrades et indiquait à Franck le numéro de celle sous laquelle il estimait avoir détecté de l’eau. Monsieur C. n’a jamais hésité. Ses détections étaient extrêmement rapides, ce qui le confortait dans le succès de l’expérience.

30 tests ont été réalisés. Nous avions expliqué à Monsieur C. que sa performance allait être comparée au hasard et que son score serait considéré comme extraordinaire si sa probabilité d’être due au hasard était inférieure à 1%. Dans notre cas, avec pour chaque test 1 chance sur 4 de trouver la bonne estrade par hasard, et 30 essais, le résultat était jugé extraordinaire à partir de 14 bonnes réponses.

 

À gauche, la feuille de résultats. Au centre, le dépouillement devant les caméras. À droite, photo de groupe avec de gauche à droite, Franck Villard (OZ), Monsieur L., Denis Caroti (AMZ), Monsieur C., Florent Martin (OZ) et Monsieur P.

Le dépouillement a eu lieu en fin d’après-midi. Bien que cette phase soit la plus attendue et la plus rapide de l’expérience, elle est aussi toujours la plus difficile. Avant de connaître son résultat, Monsieur C. nous a confirmé que l’expérience avait été conduite dans des conditions idéales pour lui. Il était donc toujours très confiant sur son issue. Malheureusement et à sa grande surprise, sur les trente essais, Monsieur C n’a finalement obtenu que 10 bonnes réponses. Sa performance est donc conforme à celle d’un tirage au hasard et l’expérience réalisée est un échec. La capacité de Monsieur n’a pas été mise en évidence.

Durant toute la journée, Florent a géré l’équipe de tournage de TF1. Ils ont ainsi pu filmer la préparation de l’expérience et le dépouillement des résultats. La journaliste a également interviewé Monsieur C. (à qui nous avons conseillé de demander l’anonymat). Le reportage devrait faire l’objet d’un dossier du 20heures de TF1 à la rentrée.

Géraldine Fabre

Pour en savoir plus sur la radiesthésie, nous vous conseillons de lire ou relire nos publications sur ce sujet.

 

 

Test d’un radiesthésiste à Aix-en-Provence sous l’œil des caméras de TF1